Né en 1956, le poète iranien, d’origine kurde, Mosa Bidaj (موسى بيدج) n’est pas un inconnu du public arabophone averti. Le fait n’est pas si courant, pour ne pas être signalé. Même si, par le passé, de grands auteurs perses ont écrit en arabe.
En effet, le poète écrit en perse et en arabe et a publié plus de quarante ouvrages, passant d’une langue à l’autre, se faisant passeur entre les deux cultures.
Il a publié des recueils de poésie, de nouvelles, des anthologies et de nombreuses traductions en arabe, dont celles de Gibran, Sayyab, Darwich, Samih Al Qasim, Adonis, Nizar Qabbani, Al-Maghout, etc.
Poète, traducteur, essayiste, responsable radiophonique, professeur de littérature arabe à Téhéran, il dirige la revue littéraire en arabe, Shiraz, qui oeuvre pour le dialogue littéraire et culturel arabo-iranien. Son œuvre est récompensée de nombreux prix littéraires.
Parmi ses derniers ouvrages (en arabe) : Des ailes pour atterrir, Beyrouth; Un homme inutile à l’amour, Le Caire; L’échelle arrive au matin, anthologie en arabe de poètes iraniens, Le Caire.
Poèmes (trad. en français) dans «Littérature d’Iran», revue Europe, N° 997, 2012.
Tahar Bekri
Rencontre
Nous nous rencontrons à quatre heures
Du siècle prochain
Moi sur un cheval en bois
Et toi
Sur le dos de la pluie
Ta tresse
-Qui est mon premier amour-
Parfume les habits des ruelles
Et diffuse les mizmars aux portes.
Nous avons hérité la passion de nos ancêtres
Et nous sommes descendus des cavernes dans la rue
Avec nous notre chien
Mais les passants
Nous reprochent nos vêtements à la vieille mode
Ils ne comprennent pas nos lettres
Nous ne comprenons pas leurs cartes de crédit
Donc
Rencontrons-nous à quatre heures
Du siècle prochain
Peut-être les imprimeries
Publieront-elles de nouveaux dictionnaires pour le dialogue
Peut-être les neiges des regards fonderont-elles
Rajulun la yasluhu li-l-Hubb (Un homme inutile à l’amour).
Je chante intensément
A la lueur de l’étoile
Je chante
Comme une brise qui porte une guitare
Pas de possibilité à la tristesse
Pour qu’elle plante son couteau dans ma langue
Je chante intensément
Tout nuage est ma mère
Toute pluie est mon frère
Qui échange avec moi ses chemises mouillées
Au bord des jardins
Au seuil des boutiques
Aux portes des cinémas
Dans les allées des mausolées
Je chante intensément
Et ne m’en soucie guère
La tristesse n’est pas nouvelle à mon cœur
Cet amoureux ambulant
Comme les avions en papier dans le ciel d’Ispahan
Je chante
Je chante
Et tisse pour l’été un temps rafraîchissant
Comme le lait dans le frigidaire
Eté 2020
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri
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