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Le poème du dimanche: ‘‘Saïd le fou’’ de Rafiq Sabir

Rafiq Sabir est un poète kurde irakien contemporain. Il est né à Qaladzê, une ville de 74.000 habitants dans la région du Kurdistan irakien, au nord de Souleimaniye, près de la frontière iranienne. Qaladze signifie «Château des deux rivières» composé à partir des mots kurdes Qala = château, dw = deux et ze = rivière. Au sud-ouest de la ville, il y a une petite colline entre deux rivières.

En 1974, il a obtenu un baccalauréat ès arts de l’Université de Bagdad. Il a déménagé en Suède en 1989. Il écrit dans le dialecte sorani qui est l’un des trois dialectes kurdes parlé par une grande partie des Kurdes d’Irak et d’Iran. Il appartient à la génération post-Abdullah Goran de modernistes de la poésie kurde, Abdallah Guran est considéré comme le père de la littérature kurde moderne.

Quelle douleur
T’a conduit
vers ce triste temps
ces branches emmêlées
cet amour
et le rivage de cette nuit éternelle ?

Quelle douleur a chargé tes épaules
de cette montagne de solitude et de vagues?

Quelle douleur
T’a fait choisir un territoire
de rocs
de neige et de braises ?

Ne me fais pas écouter cette mélodie
je ne veux pas connaître d’autres stupeurs
je ne veux pas que l’odeur du cimetière
me réduise en fumée

Je ne veux pas vivre une grande errance
sur les sentiers de la nuit et de l’exil

Ensemble nous sommes redevenus un jour des enfants
nous avons courus derrière les papillon du crépuscule

À l’horizon de l’horizon
nous avons fait rouler les blocs de nuage
à travers les branches
Et dans l’ombre de ce mur
nous regardions l’univers

Lorsque nous sommes revenus chez nous
dans l’obscurité de la brume
les réverbères de la ville t’ont souvent égaré
je t’ai alors cherché dans la fosse de cet univers
qui est trop petit pour moi.

Ne me fais plus écouter cette mélodie
L’amour m’a habitué au désert et à la montagne
Il m’a réduit à une légende
à une pierre, à une poignée de terre
il m’a offert à la foudre et à la pluie
il m’a couvert de silence et de rocs
dans les tunnels et les vallées du néant
il m’a caché.

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