Et si le Conseil supérieur provisoire de la magistrature (CSPM) que s’apprête à instaurer le président Kaïs Saïed, aidait à instaurer l’Etat de droit malmené par certains juges corrompus qui ont dépouillé la justice tunisienne de toute sa noblesse et nui ?
Par : Khaled Férid Bensoltane *
L’institution judiciaire tunisienne dans toutes ses composantes ne semble pas avoir été à la hauteur de ses missions. On lui reproche d’être à la solde de certains partis politiques. Les magistrats (juges et procureurs) auraient refusé d’ouvrir des dossiers, traîné dans l’examen de certaines affaires, encouragé la corruption par un déni de justice, consacré l’impunité de leurs pairs, et suscité la haine dans une société déjà divisée par des clivages politiques et idéologiques.
C’est vraisemblablement pour toutes ces raisons que le président de la république Kaïs Saïed a procédé à la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui n’a pas cru devoir proposer des réformes pour assainir le service public de la justice de toute la corruption qui le ronge depuis des années et ce, malgré plusieurs rappels à l’ordre. «L’épuration du pays passe par l’épuration de la justice», déclarait le président Saïed.
Les révélations explosives du Comité de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, les deux dirigeants de gauche assassinés en 2013 par des extrémistes religieux, d’une part, et d’autre part, les plaintes déposées par ce même comité à l’encontre de certains magistrats, et pas des moindres, qui ont failli à leur mission, placent aujourd’hui la justice tunisienne face à ses vérités… et ses mensonges.
Le décret présidentiel portant création du Conseil supérieur provisoire de la magistrature (CSPM), publié le 13 février 2022 sur le Journal officiel de la république (Jort) pourrait aider à instaurer l’Etat de droit malmené par certains juges corrompus qui ont dépouillé la justice de toute sa noblesse et ont tellement nui à son image qu’elle est aujourd’hui décriée par une majorité de justiciables en Tunisie.
* Juriste.
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