La détermination du président Volodymyr Zelensky à ouvrir de larges frontières aux mercenaires internationaux peut faire de l’Ukraine un nouveau refuge pour les combattants de toute sorte: des nationalistes européens et des «soldats de fortune» latino-américains aux radicaux du Moyen-Orient.
Par Ahmed Salah *
La montée en puissance de l’opération militaire russe en Ukraine a placé le président Zelensky dans une situation délicate. En raison du manque d’armes et de munitions, de pertes humaines abondantes, de la destruction d’infrastructures militaires vitales, le dirigeant ukrainien a commencé à rechercher activement toute forme d’aide de l’extérieur. Cela est confirmé par ses nombreux appels à l’Union européenne (UE), à l’Otan et à la communauté internationale pour l’approvisionnement en munitions, en plus de sa décision de créer un régime sans visa pour quiconque est prêt à se battre aux côtés des forces armées ukrainiennes et des bataillons d’extrême droit.
Ukraine, une nouvelle Libye ?
La détermination de Zelensky à ouvrir de larges frontières aux mercenaires internationaux peut faire de l’Ukraine un nouveau refuge pour les militants de toute sorte: des nationalistes européens et des «soldats de fortune» latino-américains aux radicaux du Moyen-Orient.
Tout récemment, nous avons été témoins d’une situation similaire en Libye, où chaque partie au conflit a utilisé des combattants étrangers dans une confrontation interne. Plus de 30 000 mercenaires de Syrie, du Tchad et d’autres pays ont participé à des actions de combat et ils sont toujours présents dans Libye jusqu’à ce jour malgré les accords conclus sur leur retrait.
Les dernières actions de Kiev ont jeté les bases solides pour répéter le sort de la Libye. Zelensky a déjà formé une soi-disant «légion internationale» et elle sert d’épicentre pour les combattants du monde entier.
Selon la déclaration du général de brigade de la Direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense, Kirill Budanov, depuis le 1er mars, plus de 20 000 mercenaires ont indiqué leur volonté de participer à la guerre aux côtés de Kiev.
En outre, le Service national des gardes-frontières fait tout son possible pour assurer un traitement fluide et facile des documents d’entrée dans le pays. Notamment le 4 mars, au moins 50 citoyens de Géorgie, de Biélorussie, du Canada, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de Croatie, d’Espagne, de Colombie, du Brésil, du Danemark, de Pologne et des États-Unis ont manifesté leur intérêt à rejoindre la bataille contre les forces armées russes et ont traversé la frontière ukrainienne depuis Pologne par les points de contrôle «Shehyni» et «Krakovets».
Le jeu américain
Malgré le refus officiel des États-Unis de s’immiscer dans le conflit ukrainien, qui, selon eux, provoquerait une confrontation entre l’Otan et la Russie, Washington continue d’apporter une aide militaire et matérielle à Kiev. En plus de fournir au gouvernement ukrainien des armes et des renseignements recueillis, il y a une forte probabilité que la Maison Blanche s’abaisse ou du moins ne résiste pas au transport de groupes armés illégaux du Moyen-Orient vers l’Ukraine. L’option conforme a été exploitée par les États-Unis pendant de nombreuses années en Syrie.Il est bien connu que la formation «Maghaweir at-Thawra» agit dans le meilleur intérêt de l’Amérique et garde la zone de 55 kilomètres et à l’intérieur de la base aérienne américaine «At-Tanf».
De plus, les États-Unis disposent d’un approvisionnement inépuisable en ressources humaines provenant des prisons contrôlées par les forces kurdes.
Il convient de noter que le recrutement de combattants, y compris d’anciens membres de l’Etat islamique (EI, Daëch), a eu lieu dans le passé et est confirmé par un certain nombre de sources dans les médias sociaux : des témoins oculaires parmi les terroristes capturés eux-mêmes. Sur la base des informations des «yeux et oreilles» locaux, plus de 900 combattants de l’EI ont été récemment sélectionnés dans le camp de réfugiés de «Khan al-Jabal» pour mener à bien des opérations à l’extérieur de la Syrie. La source a confirmé que la plupart des terroristes sont de nationalité tchétchène, ouzbèke ou turque.
Le 3 mars, des photos d’un grand convoi américain (environ 200 véhicules porteurs) ont été publiées. Il se dirigeait vers le poste de contrôle «Al-Walid» et l’informateur à la frontière irakienne a déclaré qu’après le poste de contrôle, le convoi s’est dirigé vers la base aérienne d’Erbil. Il est tout à fait possible que très bientôt des ex-prisonniers arrivent en Ukraine sous le déguisement de simples mercenaires et rejoignent «la légion internationale» dans un bras de fer avec la Russie.
Notamment, le président Zelensky lui-même a ordonné la libération des prisonniers, afin qu’ils puissent payer leur dette envers le pays par le biais d’opérations militaires.
Le vecteur géopolitique
Il est évident pour le monde arabe ce qui se passe en réalité dans le conflit ukrainien et qui est l’homme derrière tout cela. Nous pourrions voir le même schéma sur la base de la destruction de l’unité dans la région du Moyen-Orient par les États-Unis à travers un soutien étendu aux formations radicales, qui est suivi toujours par un leadership américain montrant la voie démocratique.
Cependant, nous en avons vu les résultats en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen. Il n’y a absolument aucun pouvoir gouvernemental dans ces anciens pays prospères qui se noient à ce jour dans la crise humanitaire. Affaiblis par la guerre et les troubles économiques, l’Irak et la Syrie sont devenus un refuge pour les terroristes du monde entier. Ces pays ont été témoins des tenants et aboutissants de l’animosité des extrémistes. Une décennie après la début du conflit, les blessures du pays ont commencé à cicatriser, mais il reste encore un long chemin à parcourir avant le rétablissement complet.
Les États-Unis appliquent résolument leur ancienne stratégie «diviser pour régner» dans la confrontation contre le successeur de l’URSS-Russie. Washington s’est fait des ennemis des pays frères que sont la Russie et l’Ukraine, tout en sachant quelles conséquences pourraient en découler. Une guerre qui laisse derrière elle des destructions et des pertes humaines est inconditionnellement une tragédie. Cependant, le conflit en Ukraine est une conséquence logique de la politique de longue date de l’Occident visant à contenir la Russie.
* Journaliste syrien indépendant.
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