Le ministre de la Santé, Dr Ali Mrabet, se propose de promulguer une loi qui oblige les jeunes médecins à assurer une sorte de service national de cinq ans dans les hôpitaux publics tunisiens, qui manquent cruellement de médecins spécialistes, avant de pouvoir partir monnayer leur talent à l’étranger. Une saine initiative qui a malheureusement provoqué la colère des jeunes médecins dont les intérêts supérieurs de la nation, qui a beaucoup dépensé pour leur formation, semblent être le dernier des soucis.
Par Marwan Chahla
L’Organisation tunisienne des jeunes médecins (OTJM) n’a pas apprécié que le ministre de la Santé Ali Mrabet dise tout haut ce que tout le monde pense tout bas : sans aucune hésitation, il a réclamé, au nom d’une décence certaine, ce qui doit normalement revenir à la nation et au contribuable. Rien de plus et rien de moins.
Des médecins qui se trompent de vocation
Il s’agit pour M. Mrabet d’un remboursement approximatif –au rabais !– de ce qui est dû à la Tunisie, c’est-à-dire les dizaines de milliers de dinars investis par notre pays pour les enseignements, formations et autres apprentissages qu’il met, de gaité de cœur, à la disposition d’un futur médecin.
Certes, les conditions de ce parcours ne sont pas idéales. Certes aussi, au terme de cette ascension de l’Himalaya, la Tunisie n’a pas beaucoup à offrir. Mais tout le monde devrait savoir que les moyens de notre petit pays sont limités.
Aussi, ceux d’entre nos jeunes médecins qui rêvent de limousine allemande et de villa de maître avec piscine se sont trompés de vocation.
Oui, c’est d’une vocation qu’il s’agit. Un sacerdoce.
Qui remboursera la dette ?
Cette semaine, donc, M. Mrabet a pris la peine d’expliquer qu’il n’est pas juste que la Tunisie se saigne aux quatre veines pour former nos gentils médecins et qu’elle les offre ensuite à nos voisins européens, par exemple, sans aucune espèce de contrepartie. Il suggère à nos jeunes médecins une autre manière de faire.
Le projet consisterait en un remboursement de cette dette sous la forme d’un service (obligatoire ou volontaire) rendu à la Tunisie pendant un certain nombre d’années –un court quinquennat est envisageable.
Ainsi, les hôpitaux publics, notamment dans les régions intérieures, ne manqueront pas, comme c’est le cas aujourd’hui, de médecins et notamment de spécialistes, qui sont, en même temps, des milliers à quitter le pays pour aller monnayer leur talent en France, en Allemagne et dans d’autres pays qui font appel à eux… parfois en les soupayant.
Et tout le monde y trouvera son compte, n’est-ce pas les enfants?
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