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Tunisie : SNJT, liberté de presse et bidonnage

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé à la «libération immédiate» du journaliste Khelifa Guesmi, correspondant de la radio Mosaïque FM à Kairouan, arrêté après avoir publié des informations sur le démantèlement d’une cellule terroriste, dont il a refusé d’indiquer la source à la police qui, elle, n’était pas au courant d’une telle opération.

Dans un communiqué publié vendredi 18 mars 2022, le SNJT a appelé le substitut du procureur général à «revoir sa décision» et à «ne se référer qu’au décret-loi n°115 pour statuer sur les délits de presse et d’édition», laissant entendre que la justice doit surseoir à l’application de la loi anti-terroriste qui oblige toute personne détenant des informations sur des faits terroristes à les porter à la connaissance des autorités.

Le substitut du procureur de la république près le tribunal de Tunis 1 a ordonné la garde à vue du journaliste pendant cinq jours aux fins d’enquête, dans le cadre de la publication d’informations sur le démantèlement d’une cellule terroriste à Kairouan, au sens de l’article 24 de la loi antiterroriste de 2015, ajoute le communiqué du SNJT.

Après neuf heures d’interrogatoire par la Brigade nationale d’enquête antiterroriste de la Garde nationale à Laouina, au nord de Tunis, le substitut du procureur a ordonné le placement en garde à vue du journaliste en question, qui avait refusé de divulguer ses sources d’information, en évoquant le décret-loi n°115 régissant la profession de journaliste.

L’arrestation du journaliste Khelifa Guesmi est «un nouvel épisode dans le musellement de la liberté de la presse et l’intimidation des journalistes depuis le 25 juillet», a indiqué le syndicat, en dénonçant une législation de portée générale (la loi antiterroriste de 2015) qui n’a rien à voir avec le métier de journaliste.

Le SNJT est certes dans son rôle de défense des journalistes, mais il ne peut éluder le fait que le correspondant de Mosaïque FM, dont on souhaite la libération prochaine, a tort de ne pas collaborer avec les autorités sécuritaires… s’il est, comme il le prétend, en possession d’informations sur des faits terroristes. D’autant que, dans cette affaire, il n’est pas question de liberté de presse, car celle-ci est rigoureusement réglementée et ne saurait justifier la rétention d’informations mettant en danger la sécurité publique.

Il faut donc raison garder et ne pas confondre défense de la liberté de presse et justification de la diffusion de fausses informations, qui plus est, en lien avec le fléau du terrorisme.

Aussi, le SNJT serait-il bien inspiré de mettre en place une cellule de réflexion sur les moyens à mettre en œuvre pour assainir la profession et lutter contre le fléau des fake news et le bidonnage, qui visent la recherche d’audience facile aux dépens de la vérité, de la déontologie, de l’éthique et de l’ordre public.

Le bidonnage, rappelons-le, est un terme spécifique au métier journalistique qui désigne le trucage des informations.

I. B.

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