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A propos du feuilleton «Baraa» : Merci Sami Fehri de nous avoir dessillé les yeux

L’acteur Fathi Haddaoui, le polygame de service, entouré des autres protagonistes du feuilleton.

Le feuilleton «Baraa» (innocence) réalisé par Sami Fehri et diffusé depuis le début du mois de ramadan par la chaîne Al-Hiwar Ettounsi se fait l’écho des répercussions de l’idéologie islamiste véhiculée par des obscurantistes qui prônent l’asservissement de la femme, légitiment la violence que lui fait subir son conjoint et enfreignent sans vergogne la loi établie au nom d’une loi divine dont l’interprétation, qui est loin d’être judicieuse, leur incombe.

Par Amel Fakhfakh *

Intolérable est l’image qui y est donnée de la femme tunisienne qui était, il y a seulement une décennie, le fleuron de la société. Elle brandissait le Code du statut personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956, comme une arme susceptible de la défendre contre la prépotence de l’homme et de garantir ses droits, les rendant inviolables. Ces droits, elle les a arrachés grâce à son courage et à son militantisme qui a été couronné, en 1956, par la promulgation d’un code spécifique que lui envient les femmes dans l’ensemble du monde arabe.

Inadmissible ce regard dévalorisant que l’homme jette sur elle, la ravalant au rang d’esclave et faisant d’elle un objet qui s’achète et ce vend. Monnayable à volonté, elle est à la merci de l’homme.

Le rêve des obscurantistes ne se réalisera pas

Ce feuilleton est un miroir qui reflète, d’une façon à peine déformée, non seulement un présent qui pointe du nez, mais aussi un devenir que les obscurantistes rêvent de mettre en place et qui donne forme à tous leurs fantasmes: instrumentalisant la religion à leur guise et n’en retenant que ce qui peut s’accommoder à leurs désirs bestiaux, ils veulent faire de la femme tunisienne un être soumis, dépendant financièrement, analphabète, une femme dont l’esprit est rétrograde et qui accepte son sort comme une fatalité, devenant ainsi l’artisane de son propre assujettissement : elle ne tolère pas seulement la coépouse que le mari pédophile lui impose sous son propre toit, elle va jusqu’à lui demander de prendre une troisième femme, pour mieux le garder. Et ceci, plus d’un demi-siècle après la promulgation du CSP et l’interdiction de la polygamie!

Cette situation ne manque pas de nourrir les fantasmes et l’imaginaire des Tunisiens que des gouvernants incultes, placés à la tête du pouvoir depuis une décennie, ont réduits à l’ignorance et à l’indigence.

Chaque épisode de ce feuilleton nous dévoile explicitement l’image vivante de ce que la société tunisienne est en train de devenir. Par le truchement de l’enseignement parallèle que les islamistes ont implanté un peu partout dans le pays et qui est actuellement en train de porter ses fruits, un véritable formatage des cerveaux, visant à oblitérer tout souvenir de notre identité nationale et prenant pour cible les femmes et les jeunes, a pour objectif de faire du jeune tunisien un terroriste, de l’homme un misogyne et de la femme une mineure craintive et superstitieuse. Victime d’un lavage de cerveau, celle-ci finit par avoir la conviction que le CSP est une transgression de la loi divine et que sa fonction consiste à obéir à son époux, à dissimuler ses charmes, à garder le foyer et à élever ses enfants.

La Tunisienne ne se laissera pas faire 

La femme tunisienne refusera de se laisser faire ! Elle refuse de devenir la risée du monde; elle s’insurgera contre une idéologie qui nous est étrangère et qui a été inculquée au peuple depuis une décennie, vu que les Frères musulmans, souvent masqués, n’ont cédé leur place à personne à la tête du pouvoir et n’ont pas l’intention de le faire.

Les nouveaux dictateurs ne jettent pas les réfractaires en prison; ils les tuent. Les nouveaux dictateurs ne bâillonnent pas la liberté d’expression; ils terrorisent les citoyens, au point que plus personne n’ose dire non. Non au flou dans lequel nous sommes maintenus, non à la transgression de toutes les lois, non à la corruption généralisée, non à l’injustice, non au silence assourdissant, non aux vendeurs de vent, non à la chute de notre pouvoir d’achat, non à l’appauvrissement des citoyens honnêtes, non à l’enrichissement des corrompus, non à l’instrumentalisation de la religion, non au formatage des cerveaux, non à l’enseignement parallèle, non à la dévalorisation de l’enseignement, non à la misogynie, non à l’idéologie islamiste, non à l’endoctrinement de nos jeunes!

Accepterons-nous encore longtemps de voir notre mère patrie tenue en laisse et traînée dans la boue? Accepterons-nous encore longtemps le sort que lui réservent les islamistes?

Merci Sami Fehri de nous avoir dessillé les yeux, si besoin est, sur un présent écœurant et un devenir que nous refusons de toutes nos forces !

* Universitaire à la retraite.

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