Tunisie : les «zéro virgule» partent en campagne contre Kaïs Saïed

Les partis Attayar, Ettakattol, Al-Qotb, Al-Jomhouri et Al-Oummal, dont la représentation populaire est des plus faibles en Tunisie, et qui sont souvent qualifiés de «zéro virgule» par les électeurs, en référence à la faiblesse de leurs scores électoraux, ont annoncé le lancement d’une «campagne pour l’annulation du référendum» du 25 juillet prochain, sur la nouvelle constitution, en cours de rédaction par des experts à l’initiative du président de la république Kaïs Saïed.

Il s’agit d’une «campagne nationale et indépendante», a déclaré le secrétaire général du Parti des Travailleurs (Al-Oummal) Hamma Hammami, lors d’une conférence de presse tenue jeudi 2 juin 2022 à Tunis.

Les partis menant cette campagne ont décidé d’utiliser tous les moyens possibles pour faire annuler ce référendum et rejeter le «soi-disant dialogue dont les résultats sont connus d’avance», a déclaré M. Hammami, en référence au dialogue national, très contrôlé et très aseptisé, lancé par le président Saïed, avec la participation exclusive des parties qui lui sont favorables.

Les partis cités ont décidé de boycotter l’appel à ce référendum et de procéder à une série d’activités médiatiques et de terrain visant à mobiliser les forces démocratiques pour «sauver le pays de l’effondrement, de la normalisation avec l’entité sioniste et de la violation des libertés et des droits individuels.»

Hamma Hammami, cité par l’agence Tap, a également souligné l’ouverture de cette initiative à toutes les forces politiques, démocratiques et progressistes qui partagent les mêmes objectifs, «afin de poursuivre les efforts pour établir une alternative indépendante à la phase d’avant-2011 et d’avant-25 juillet».

«Cette campagne n’a aucun lien avec le Parti destourien libre (PDL), le Front de salut national (FSN) ou le mouvement Ennahdha», a encore indiqué le porte-parole du Parti des Travailleurs.

Un meeting de protestation marquera le début de cette campagne, le 4 juin, devant le siège de la commission électorale. Première étape pour faire avorter le référendum, cette campagne a été décidée «en réaction à la gravité du projet de référendum, qui sert d’outil au président pour légitimer ses décisions injustes».

Le secrétaire général du parti Attayar, Ghazi Chaouachi, a déclaré, de son côté, que l’État est dirigé par «un esprit malade, ce qui conduira à la destruction de l’État et de ses institutions».

Pour sa part, le secrétaire général du parti Al-Jomhouri, Issam Chebbi, a déclaré que le boycott du référendum vise à éviter l’installation d’un «État voyou» et tout retour à l’instrumentalisation de la constitution. «Kaïs Saïed n’a pas le droit de décider individuellement de l’avenir du pays», a-t-il averti.

En quoi il a, bien sûr, entièrement raison, mais le problème c’est que l’opposition au président est si divisée et si impopulaire qu’elle risque de ne pas peser lourd devant sa détermination à aller jusqu’au bout de son projet politique.

I. B.

Illustration: de gauche à droite, Khalil Zaouia, Issam Chebbi, Hamma Hammami, Ghazi Chaouachi et Riadh Ben Fadhel.

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