Les partis Ettakatol, Al-Joumhouri, Al-Oummal, Attayar et Al-Qotb, les fameux «zéro virgule» (par allusion à leurs scores électoraux) que méprisent une majorité de Tunisiens, ont publié un communiqué commun exprimant leur soutien à la grève générale menée par les agents du secteur public aujourd’hui, jeudi 16 juin 2022, en application de la décision de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Pour ces partis, dont l’objectif est de faire tomber le président de la république Kaïs Saïed, la centrale syndicale défend les droits économiques et sociaux de ses adhérents et la grève générale d’aujourd’hui vient en réponse à ce qu’ils considèrent comme «une obstination du pouvoir à ignorer leurs revendications légitimes», dont notamment le retrait de la circulaire n° 20 sur la négociation, la mise en œuvre de tous les accords signés et la négociation d’augmentations salariales au titre des années 2021, 2022 et 2023, l’amélioration des équipements publics et la promulgation d’un statut spécial pour les salariés des établissements et entreprises publics.
Les cinq partis précités ont également dénoncé ce qu’ils ont appelé «les ignobles campagnes de diffamation et d’accusation de trahison lancées par certaines parties contre l’Union générale tunisienne du travail et ses structures». Ils affirment tenir le gouvernement de Kaïs Saïed pour pleinement responsable de la «dégradation continue des conditions de vie de la majorité des Tunisiennes et des Tunisiens, de la poursuite de la flambée folle des prix et de la pénurie de nombreux produits de première nécessité», tout en condamnant «l’obstination du gouvernement à aller de l’avant vers la levée des subventions sur les produits de base, le gel des salaires et l’arrêt des recrutements dans la fonction publique, ce qui aggravera la crise sociale en l’absence de solutions nationales sérieuses et efficaces au problèmes du chômage, de la pauvreté et des bas salaires et revenus».
Lesdits «zéro virgule» ont également condamné les déclarations de certains membres de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) qui, selon eux, «criminalisent la position appelant au boycott de la mascarade de référendum qui sera organisé le 25 juillet pour faire passer le projet autoritaire de Kaïs Saïed». «Ces déclarations sont une preuve supplémentaire de la nature de cette instance et le rôle qui lui est confié pour forger la volonté populaire», écrivent-ils dans leur déclaration commune, où ils renouvellent également leur appel aux Tunisiennes et aux Tunisiens à «boycotter le référendum farce, dont les résultats sont connus d’avance, qui représente l’une des péripéties du coup d’État contre le processus révolutionnaire, la constitution et les acquis démocratiques du peuple tunisien». Ils les appellent aussi à «se mobiliser autour d’un projet national qui sortira le pays de sa crise aiguë, épargnera à son peuple les affres de la division et l’empêchera de revenir à l’avant le 25 juillet 2021 et l’avant-14 janvier 2011».
Il va sans dire que lesdits «zéro virgule» croient incarner ce soi-disant «projet national qui sortira le pays de sa crise aiguë». Souhaitons-leur bonne route, même si l’on sait qu’ils ne sont qu’au tout début d’une traversée qui s’annonce longue, trop longue.
I. B.
Illustration : Khalil Zaouia (Ettakatol), Issam Chebbi (Al-Joumhouri), Ghazi Chaouachi (Attayar), Hamma Hammami (Al-Oummal) et Riadh Ben Fadhel (Al-Qotb).
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