Rached Ghannouchi estime que «le peuple tunisien a pris goût à la liberté au cours des dix dernières années» et qu’«il n’est pas facile de le ramener à un régime personnel absolu», par allusion au projet de constitution proposé par le président Kaïs Saïed au référendum du 25 juillet courant.
Décrivant la situation actuelle en Tunisie, le président du mouvement Ennahdha et de l’Assemblée dissoute, a déclaré, aujourd’hui, lundi 18 juillet 2022, que «la transition démocratique ne s’est pas stabilisée, et nous sommes passés d’un régime dictatorial avec un unique centre de décision à une multiplicité de centres de pouvoirs.»
Selon lui, «les dix dernières années ont été étrangères au contexte tunisien et régional, et cette configuration ne pouvait pas continuer pour des raisons intérieures et extérieures. Aussi une sorte de nostalgie s’est-elle manifestée par une volonté de retour au passé, et certaines personnes ont commencé à se méfier de la liberté parce qu’elle n’a pas réalisé tout ce qui était espéré.»
M. Ghannouchi, qui parlait dans un entretien accordée au journal Al-Araby Al-Jadeed, a ajouté : «Il n’était pas surprenant qu’un coup d’État ait lieu en Tunisie, comme cela s’est produit dans d’autres pays, et de façon plus horrible, lorsque l’institution militaire s’est emparé du pouvoir et a piétiné les gens avec des chars. Comparativement, la catastrophe qui s’est produite en Tunisie est minime et elle a découlé du coup d’État.» Et M. Ghannouchi d’avertir : «Celui qui pense que dix ans de révolution ont été effacés et sont terminés prend ses désirs pour des réalités, parce que le peuple pris goût à la liberté pendant ces années, et il n’est pas facile de ramener toute une génération à un régime individuel absolu. Par conséquent, des traces de la révolution sont encore gravées dans l’esprit et le cœur des Tunisiens».
I. B.
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