Abir Moussi tend la main aux dirigeants des autres partis de l’opposition, à l’exception du mouvement islamiste Ennahdha et de ses satellites, et les appelle à former un front commun, démocratique et progressiste, face au président Kaïs Saïed, mais son initiative ne semble pas rencontrer des échos auprès des concernés.
Par Imed Bahri
Abir Moussi vient de lancer un appel à toutes les forces démocratiques et progressistes pour «s’engager ensemble au rétablissement de la voie démocratique en Tunisie et à signer tous une charte démocratique citoyenne fixant les principes de base de l’action politique».
«Toutes les parties invitées devront s’engager dans cette action sans prétention ni rivalité, en en préservant le caractère collectif», a insisté la présidente du Parti destourien libre (PDL), qui parlait lors d’une conférence de presse, le 28 juillet 2022, en rassurant ses interlocuteurs sur le fait que le PDL ne cherche aucunement, à travers cette initiative présentée sous le slogan «Tashih al-massar» (ou rectification du parcours), une quelconque position de leadership.
Un bon diagnostic et une juste solution…
Si un accord est trouvé, le travail sera mené conjointement, les élections législatives préparées de façon collective, et la première décision du prochain parlement sera d’annuler la constitution de Kaïs Saïed et de la remplacer par le projet de constitution préparé par Sadok Belaid et Amine Mahfoudh, à la demande du président de la république, qui l’a abandonné par la suite, a souligné Mme Moussi, tout en réitérant l’attachement de son parti à une «république civile, sociale et souveraine dans laquelle il n’y a pas de place pour l’islam politique, et un système démocratique pluraliste basé sur la séparation et l’équilibre entre les pouvoirs et un engagement à garantir les libertés publiques individuelles et les droits de l’homme dans leur conception universelle et leur interdépendance, et à réaliser la sécurité nationale globale».
L’intérêt de cette initiative c’est qu’elle part d’un bon diagnostic de la situation politique dans le pays qui se caractérise par une opposition si éclatée et si divisée qu’elle ouvre un boulevard devant un président populiste, sans parti politique ni programme, mais qui parvient à brasser large et à vider les partis constitués de leurs militants pour former une force de frappe électorale lui permettant de régner sans partage, après avoir accaparé tous le pouvoirs et mis en place un système politique présidentialiste voire autoritaire et liberticide.
Mais une incapacité maladive à se rassembler
La solution proposée par Mme Moussi pour sortir de cette impasse est également intéressante, du moins sur le papier, en ce qu’elle permettra d’aplanir les divergences idéologiques entre les partis et les querelles de leadership entre leurs chefs, recoller les morceaux éclatés et former (par le dialogue et la concertation) une force politique de centre droit sur la base d’un programme basé sur les plus importants dénominateurs communs.
Cependant, cette initiative, pour logique et séduisante qu’elle puisse paraître, semble poser problème, puisque trois jours après sa présentation par Mme Moussi, elle ne semble pas susciter des réactions positives de la part des dirigeants des autres partis, ni des rencontre de concertation entre eux, comme si la personnalité de son initiatrice continue de poser problème ou que les querelles de leadership continuent d’empêcher toute action fédératrice. Et ce, au grand bonheur de M. Saïed et de ses partisans, qui n’ont pas besoin de créer une formation politique ni de proposer un programme pour continuer à dominer outrageusement la scène politique.
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