Aussitôt la parenthèse du référendum constitutionnel fermé, Abir Moussi et le PDL ont lancé les préparatifs des législatives anticipées du 17 décembre prochain, mais sans le dire clairement, en maintenant le mystère sur leur éventuelle participation à ce rendez-vous électoral auquel les sondages donnent les Destouriens gagnants.
Par Imed Bahri
Comme la plupart des dirigeants de l’opposition, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, cherche à exister en multipliant les occasions pour des sorties médiatiques qui se poursuivent et se ressemblent.
Après avoir appelé à boycotter le référendum constitutionnel du 25 juillet dernier, se privant du coup de la possibilité de prendre part à la campagne pour le «non», suite à une très discutable décision de l’Instance électorale, Mme Moussi a commencé par rejeter les résultats d’une consultation référendaire dont elle conteste la légalité et la légitimité, avant de s’engager dans la préparation des législatives anticipées du 17 décembre prochain, sans l’avouer clairement, car elle n’a pas encore annoncé que son parti y participera. Elle n’est pas non plus assurée que le PDL pourra y participer, car elle craint la promulgation par le président de la république d’une nouvelle loi électorale qui exclura son parti sous un quelconque prétexte.
Occuper le terrain et mobiliser les partisans
Quoi qu’il en soit, Mme Moussi poursuit sa stratégie qui consiste à occuper le terrain politique, quitte à programmer une activité tous les jours (conférence de presse, séminaire, entretien radiophonique ou télévisé, vidéo sur les réseaux sociaux…) pour maintenir une mobilisation maximale de ses troupes, au risque de lasser une partie des Tunisien(ne)s qui ne voient pas l’utilité de tout cet activisme que son tempérament exalté transforme en une sorte de happening non dénué de théâtralité et de sens du spectacle.
C’est dans ce cadre que le Centre d’études stratégiques et de planification du PDL a organisé, vendredi 5 août 2022, un colloque sur le thème : «Les dangers de la déviation des constantes de la politique étrangère de la Tunisie sur l’intérêt des Tunisiens dans le pays et à l’étranger», une occasion pour rappeler les fondamentaux de la diplomatie tunisienne telle qu’élaborés et mis en œuvre depuis la fin des années 1950 par l’ancien président Habib Bourguiba, du legs duquel Mme Moussi se réclame, et de pointer ce qu’elle appelle «déviation» de ces fondamentaux par les islamistes d’Ennahdha, au lendemain de 2011, et par le président Kaïs Saïed, depuis le 25 juillet 2021.
Un avant-goût des législatives
Ainsi, et tout en affirmant que son parti «rejette l’ingérence extérieure dans les affaires intérieures tunisiennes, et ne la permettra pas», elle a ajouté que le PDL «ne permettra pas non plus la poursuite du soutien aux Frères musulmans pour leur permettre de dominer de nouveau la scène politique», dans une limpide allusion au parti islamiste Ennahdha et à ses soutiens extérieurs, notamment le Qatar et la Turquie.
Mme Moussi a aussi déploré que «les signes de déviation de la politique étrangère de la Tunisie» soient «aggravés par la stagnation du travail du gouvernement et son incapacité à élaborer un plan de diplomatie économique et à attirer les investissements extérieurs, ainsi que le blocage des horizons, les risques aux niveaux social et économique, la baisse du niveau de vie et la hausse continue des taux d’inflation», a-t-elle martelé, faisant ainsi d’une pierre plusieurs coup : déplorer les ratés de la politique étrangère et les dérapages diplomatiques au cours des douze dernières années et pointer l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre une diplomatie économique digne de ce nom, au moment où le pays traverse l’une des plus graves crises économiques et financières de son histoire et a besoin de se redéployer à l’international pour attirer le investissements nécessaires à la création de richesses et d’emplois.
Ce sont là, on l’a compris, quelques balises qui donnent un avant-goût de ce que sera la campagne du PDL pour les législatives.
Donnez votre avis