Nouveau rebondissement dans le bras-de-fer entre le président de la république Kaïs Saïed et la corporation des juges, qui ne présage rien de bon, les deux parties campant sur leurs positions et aucune perspective de dialogue n’est en vue.
Les juges révoqués font face à des poursuites pénales, en vertu du décret-loi n° 35/2022 du 1er juin 2022, a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué laconique publié dimanche 15 août 2022, sans donner plus de détails.
C’est une réaction tardive à la décision du tribunal administratif, le 9 août, de suspendre l’exécution des décisions de révocation de 47 juges (sur un total de 57) prise il y a quelques semaines par le président Saïed, au prétexte qu’ils font face à diverses accusations et sont poursuivis en justice.
Le Premier président du tribunal administratif (TA) s’est appuyé pour rendre son jugement de suspension de l’exécution du décret présidentiel sur les résultats de l’enquête qu’il a ordonnée et après avoir demandé aux autorités administratives compétentes de fournir des éléments justificatifs et les motifs de chacune des décisions de révocation, avait indiqué le porte-parole du TA Imed Ghabri. «Le traitement judiciaire des dossiers de révocation a été effectué selon les spécificités de chaque cas», a-t-il ajouté.
La situation revient donc au point mort. L’autorité publique, incarnée par le président Saïed, qui accapare tous les pouvoirs dans le pays, n’en démord pas et semble vouloir aller jusqu’au bout dans ce qu’on doit se résigner à qualifier de «guerre» contre la corporation des juges. Face à l’adversité, celle-ci retrouve son unité perdue et agite le sacro-saint principe de l’indépendance de la justice pour se dérober aux exigences d’assainissement de ses rangs et de réforme de ses structures.
Avis de nouvelle tempête en l’air, avec la fin prochaine des vacances judiciaires…
Imed Bahri
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