La situation de la filière laitière en Tunisie continue d’alarmer les éleveurs, les industriels et les consommateurs qui craignent une pénurie prochaine dont les signes avant-coureurs sont constatés dans les rayons des supermarchés et chez les épiciers du coin. (Illustration : Noureddine Ben Ayed).
Parlant au nom des producteurs, dont certains commencent à vendre leur cheptel qu’ils ont du mal à nourrir, les aliments pour bétail étant devenus hors de prix, le président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), Noureddine Ben Ayed, a appelé à augmenter le prix du lait à la production de pas moins de 800 millimes conformément aux expériences des pays voisins et arabes et à réduire le coût des fourrages qui représentent 80% du total des dépenses de l’éleveur.
Cela augmentera sans doute automatiquement le prix de vente final que payera le consommateur, mais y a-t-il une autre solution pour préserver une filière qui, jusque-là, a assuré les besoins nationaux en produits laitiers et a même parfois été excédentaire et aurait pu passer à un cap supérieur, à savoir l’exportation, si des investissements avaient été consentis à temps ?
Intervenant, mercredi 8 août 2022, lors de la conférence nationale sur les préparatifs de la saison des grandes cultures 2022/2023, tenue, au siège de son organisation à Tunis, M. Ben Ayed a expliqué que l’augmentation souhaitée doit concerner, essentiellement, le circuit de production pour améliorer les conditions dans lesquelles travaille l’éleveur et garantir la pérennité du secteur et ne veut en aucun cas alourdir la charge du citoyen. Il a, dans ce cadre, rappelé que le lait est acheté auprès de l’agriculteur à 1 140 millimes alors qu’il est importé à 3 000 millimes, ce qui a engendré la crise dans ce secteur.
Une manière de dire que l’importation serait une solution de facilité qui aggrave la situation du secteur laitier et grève davantage les finances publiques, qui sont actuellement sous pression en raison de la hausse des prix sur les marchés mondiaux. L’aide aux producteurs pour sauver toute une filière qui fait vivre des dizaines de milliers de familles serait donc une bien meilleure solution à moyen et long termes.
I. B.
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