Le tropisme islamiste du président Kaïs Saïed, on en a déjà eu plusieurs preuves, notamment l’orientation doctrinale de la nouvelle constitution, qui impose la charia comme source de législation. Mais on croyait ce tropisme plus idéologique que politique, mais voilà qu’on n’est pas au bout de nos surprises avec le locataire du palais de Carthage !
En effet, à en croire l’ancien Premier ministre Ali Larayedh, cité par Mosaïque, M. Saïed, dans une vie antérieure, s’était opposé, en 2013, à sa décision de classer Ansar Charia comme organisation terroriste.
L’ancien ministre de l’Intérieur et actuel vice-président du mouvement Ennahdha, qui intervenait lors de la conférence de presse qu’il a tenue hier, lundi 28 septembre 2022, pour répondre aux accusations dont il fait l’objet, ainsi que d’autres dirigeants d’Ennahdha, y compris son président Rached Ghannouchi, dans le cadre de l’affaire de l’envoi des Tunisiens pour le jihad dans les zones de conflit, a affirmé qu’il avait fait face aux objections de nombreuses parties, alors qu’il dirigeait le gouvernement, lorsqu’il prit la décision de classer Ansar Charia comme organisation terroriste.
C’était, rappelons-le, au lendemain de l’assassinat du leader de la gauche Chokri Belaid par des éléments issus de cette organisation.
Parmi les personnes qui s’étaient clairement opposées à la décision du gouvernement, il y avait Kaïs Saïed, alors simple commentateur occasionnel de l’actualité nationale pour certains médias, et des dirigeants d’organisations de la société civile, dont Human Rights Watch, selon M. Larayedh, qui n’a pas précisé dans quelles circonstances et en quels termes M. Saïed avait alors défendu le droit à l’existence d’Ansar Charia.
Ali Larayedh a expliqué que depuis la révélation de l’incident de Bir Ali Ben Khalifa, à Sfax, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, les services sécuritaires avaient détecté l’existence d’une organisation armée qui semblait affiliée à Ansar Charia, légalisée elle au lendemain de l’accession d’Ennahdha au pouvoir, en janvier 2012. Il a ajouté qu’un plan a été préparé avec les responsables de la sécurité pour accélérer le démantèlement de l’organisation terroriste, en découvrant sa structure, ses sources de financement, ses relations, ses objectifs, ses plans et ses membres.
Il fallait aussi accélérer le processus de réhabilitation de l’institution sécuritaire pour qu’elle puisse affronter les groupes armés dans une période de grand chaos dans la rue en 2012 et à un moment où l’opinion publique rejetait ce qu’elle appelait le «système sécuritaire de Ben Ali» et le tenait pour responsable de toutes les tares de l’ancien régime, a expliqué M. Larayedh.
I. B.
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