Tunisie : le Parti des travailleurs dénonce le «système clientéliste» de Kaïs Saïed

Le Parti des travailleurs estime, dans un communiqué publié lundi 10 octobre 2022, que la confirmation du président de la république, Kaïs Saïed, il y a quelques jours, de son intention d’amender une nouvelle fois la loi électorale, prouve «l’ampleur du dévoiement et de la dérive dans l’exercice du pouvoir.»

Dans son communiqué, le parti de gauche dirigé par Hamma Hammami, qui avait déjà annoncé sa décision de ne pas participer aux législatives du 17 décembre prochain, a déclaré que cette décision est «une preuve supplémentaire de la futilité de l’arsenal de lois que le président Saïed a commencé à promulguer, en particulier la loi électorale», qui, selon lui, vise à «détruire la vie politique civile et à abolir le rôle des partis au profit des individus, de manière à reproduire le système des relations éculées basées sur le tribalisme et le clanisme, et à renouer avec le système clientéliste basé sur la consolidation de l’influence et l’achat des appuis, des parrainages et des votes.»

Le Parti des travailleurs a également souligné que la loi électorale (amendée par le chef de l’Etat le 15 septembre dernier) est venue «favoriser la corruption, et non lui résister et la circonscrire».

D’autre part, le Parti des travailleurs a estimé que cette manipulation de la législation et des lois «est une preuve définitive de l’ampleur de l’échec et de l’impuissance» qui caractérisent le système au pouvoir, qui, selon lui, «continue de consacrer toutes les options destructrices pour le peuple et le pays sur le plans économique, social, politique et culturel.»

Lors d’une réunion vendredi 7 octobre, avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, le chef de l’Etat avait souligné la nécessité de mettre un terme au phénomène de l’argent corrompu, et de modifier le décret relatif aux élections, après qu’il a été constaté qu’un certain nombre d’élus locaux ne remplissaient pas le rôle qui leur est confié par la loi, les parrainages des candidats aux prochaines élections législatives étant devenus un marché où les soutiens s’achètent et se vendent. «Si la législation actuelle n’a pas atteint ses objectifs, alors le devoir national sacré exige de la modifier pour enrayer ce phénomène honteux», avait déclaré le président Saïed.

Le 15 septembre, le décret électoral n° 55 de 2022 a été publié au Journal officiel, qui révise la loi fondamentale n° 16 de 2014, relative aux élections et au référendum, et stipule spécifiquement que le vote aux élections législatives se fera désormais pour les individus en un ou deux tours, si nécessaire, en non plus pour des listes, dans une volonté évidente de marginaliser les partis.

I. B.

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