Dans une lettre envoyée au secrétaire d’Etat Antony Blinken, deux sénateurs américains, et pas des moindres, lui rappellent la nécessité de lier l’aide américaine à la Tunisie à l’obtention de résultats sur le terrain dans le dossier de la démocratie. Un nouveau coup dur pour la diplomatie tunisienne dont le niveau actuel d’isolement international n’a jamais été atteint depuis l’indépendance du pays en 1956. (Illustration : James E. Risch / Robert Menendez).
Dans leur lettre au secrétaire d’Etat Antony Blinken, les sénateurs américains Robert Menendez, président républicain de la commission sénatoriale des affaires étrangères et le sénateur James E. Risch, chef de la minorité démocrate à la même commission, expriment leurs inquiétudes quant à l’érosion continue des institutions démocratiques en Tunisie et lui enjoignent de coordonner avec les principaux pays industrialisés du Groupe des Sept (G7) pour conditionner toute assistance à la Tunisie au rétablissement des institutions démocratiques et judiciaires.
Selon la lettre, «la loi électorale du 15 septembre promulguée par le président Kaïs Saïed détériore davantage les normes démocratiques tunisiennes, réduit considérablement le rôle des partis politiques et crée des barrières déraisonnables pour les candidats potentiels de l’opposition».
Commentant cette lettre sur sa page Facebook, l’ancien ambassadeur Elyes Kasri a déploré «le quasi-mutisme de la communication gouvernementale tunisienne à l’international (qui) risque fort d’exacerber notre isolement et de restreindre notre capacité de surmonter la crise». Et il ajoute, perplexe et sceptique : «Dans la conjoncture internationale actuelle, les Tunisiens se doutent bien de ce qui les attend même si convaincus de la bonne étoile de la Tunisie, ils s’attachent à l’espoir que quelque chose sauvera le pays à la 95e minute.»
Pour ne pas paraître très pessimiste et laisser la porte ouverte à l’espoir, il écrit, sans trop de conviction : «J’ai le cœur lourd pour mon pays et ne trouve pas les mots pour décrire une situation que je considère alarmante mais néanmoins surmontable avec une communication internationale mieux adaptée et une diplomatie revigorée.»
En fait, son diagnostic est plutôt réservé : «Il est douloureux pour un ancien diplomate, ayant été affecté auprès des trois principaux pays du G7, de voir son pays perdre progressivement la sympathie et le soutien de ses partenaires traditionnels qui sont eux-mêmes confrontés à des difficultés exceptionnelles», écrit-il en conclusion.
I. B.
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