Qu’est-ce qu’elle ne fait pas, Abir Moussi, pour exister médiatiquement. Sa dernière trouvaille : amener des centaines de sympathisants du Parti libre destourien (PDL), samedi 5 novembre 2022, pour protester devant le siège de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), en brandissant des slogans hostiles aux autorités et aux médias, comme si la Haica avait la moindre autorité sur les unes comme sur les autres.
La présidente du PDL accuse les médias d’avoir calomnié son parti, après le sit-in qu’elle a observé elle-même devant le siège du ministère de l’Intérieur en octobre dernier pour protester contre la répression policière.
Elle critique aussi le manque de transparence du gouvernement, qui, selon elle, n’a pas divulgué les grandes lignes de son programme de réformes pour parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Tout en réaffirmant, bien sûr, le refus de son parti de participer aux élections législatives anticipées du 17 décembre, dont elle met en doute la légalité et la légitimité, étant organisées par le pouvoir exécutif en dehors de tout débat politique et conformément à de nouvelles lois imposées par décrets présidentiels.
On peut comprendre les griefs exprimés par Mme Moussi contre le pouvoir en place et même les partager, mais on ne voit pas vraiment où réside la responsabilité de la Haica dans tout cela, sachant que l’autorité de régulation audiovisuelle a du mal elle aussi à faire entendre sa voix, aussi bien par le pouvoir, qui continue de la snober, que par les médias qu’elle est censée «réguler» et qui appliquent rarement ses recommandations, s’ils ne la stigmatisent pas carrément dans leurs émissions en appelant à sa dissolution.
Par ailleurs, et si elle peut émettre des avis autorisés où elle rappelle les normes d’un traitement médiatique juste et équilibré de l’information, la Haica n’a aucune responsabilité sur les lignes éditoriales des médias audiovisuels.
Reste à se demande à qui le tour et quelle instance va avoir l’honneur de subir demain le courroux de Mme Moussi et des Destouriens. Car on les voit mal accepter la chape de plomb qui s’est abattue sur la scène politique dans le pays et la politique du fait accompli poursuivie par le président Kaïs Saïed, sans continuer à agiter le chiffon rouge.
I. B.
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