Bientôt, les doutes et les écrans de fumée vont finir par se dissiper. Et l’on saura enfin si la Tunisie est en mesure de sortir de la crise où elle ne cesse de s’enfoncer depuis 2011, ou si son avenir est gravement hypothéqué par les charlatans qui la gouvernent. (Palais du gouvernement à la Kasbah, Tunis).
Par Elyes Kasri *
Ceux qui craignaient la réédition du scénario grec (2008-2015) en Tunisie doivent se rappeler que la Grèce bénéficie du filet de sécurité économique de l’Union européenne et du parapluie sécuritaire de l’Otan. La Tunisie n’en a ni l’un ni l’autre et ce ne sera certainement pas la Ligue des Etats arabes ni l’Union du Maghreb arabe ni l’Union africaine qui pourraient venir à son aide en cas de besoin.
Saurons-nous éviter le naufrage libanais ?
Le plus proche de ce qui pourrait nous attendre serait le scénario libanais. Certains optimistes rétorqueraient qu’à la différence de la Tunisie, l’influence iranienne au Liban à travers Hezbollah assume une part de responsabilité dans le blocage et la faillite de l’État libanais.
A ce propos, certaines leçons pourraient être tirées du naufrage libanais en vue de l’atténuation du grand choc qui nous attend.
Il y a une règle qui montre que les pays qui se mettent sous l’aile d’un ou de plusieurs pays étrangers finissent par être confrontés à la somme de leurs problèmes et de ceux de leurs «alliés stratégiques» ou plus prosaïquement «protecteurs».
Sur un autre plan, et après une longue période de flou et de doute, le mois de décembre devrait nous permettre de trancher si la Tunisie est sous l’emprise de charlatans ou d’hommes et de femmes d’Etat.
Les doutes et les écrans de fumée
L’élection législative anticipée censée couronner le programme politique du président Kaïs Saïed confirmera ou dissipera les nombreux griefs sur la légitimité et les modalités de mise en œuvre des différentes étapes de la nouvelle démocratie promise.
D’un autre côté, la finalisation de la loi de finances complémentaire 2022 et l’annonce de la loi de finances 2023, de même que la publication des engagements pris par le gouvernement pour obtenir un accord de facilité élargie de prêt du Fonds monétaire international (FMI), lèvera le mystère sur le degré de convergence du discours politique présidentiel avec le programme économique de son gouvernement avec ses retombées sociales et potentiellement sécuritaires.
Bientôt, les doutes et les écrans de fumée vont finir par se dissiper.
* Ancien ambassadeur.
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