En multipliant les positions contradictoires, qui brouillent encore davantage son image déjà très floue, le mouvement Tunisie en avant ne sait plus sur quel pied danser, balançant entre le soutien intéressé au président Kaïs Saïed et les principes démocratiques dont il se réclame tapageusement. (Illustration : Abid Briki s’y voit déjà).
Par Imed Bahri
Créé ex-nihilo en deux temps trois mouvements dans la foulée de l’état d’exception proclamé par le président de la république, le 25 juillet 2022, pour surfer sur ce coup de pied dans la fourmilière et en tirer profit pour exister et se placer sur l’échiquier politique, le mouvement créé par Abid Briki, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Union général tunisienne du travail (UGTT), soutient officiellement Kaïs Saïed, tout en «osant» émettre, de temps en temps, une critique sur telle ou telle aspect de ses décisions et en prenant soin de ne pas aller trop loin dans sa critique.
Des critiques pour la forme
C’est ainsi qu’il a jugé «très faible» le nombre de femmes et de jeunes candidats aux prochaines élections législatives, ajoutant que la question des parrainages est à l’origine de ce problème.
Le mouvement a aussi souligné dans un communiqué publié lundi 7 novembre 2022 que certaines circonscriptions n’ont enregistré qu’un ou deux candidats, rappelant qu’il avait mis en garde contre les conséquences des amendements apportés à la loi électorale sur la représentation des femmes et des jeunes parmi les candidats, se faisant ainsi l’écho des critiques déjà faites à la nouvelle loi électorale par la plupart des acteurs politiques et des associations spécialisées dans l’observation des élections, sans toutefois pousser plus loin la critique en mettant en question la crédibilité du processus électoral dans son ensemble.
Un faux embarras
En se contentant de mettre en garde contre les effets potentiels du petit nombre de candidats sur la participation électorale le jour du scrutin, tout en se félicitant du fait que tous ses candidats aient réussi à recueillir le nombre de parrainages requis et en appelant les forces progressistes du pays à participer massivement aux élections du 17 décembre, Tunisie en avant semble juste exprimer le faux embarras où il se trouve aujourd’hui vis-à-vis des principes démocratiques dont il se réclame. Car, malgré tous les griefs qu’il a exprimé à l’égard du processus électoral en cours, il n’est pas encore prêts à couper totalement les ponts avec le mouvement initié par Kaïs Saïed ni, bien sûr, avec son objectif opportuniste en prenant le train en marche.
L’objectif opportuniste en question serait de placer quelques députés dans le prochain parlement, d’autant que la concurrence s’avère trop faible, et, pourquoi pas, placer Abid Briki dans le prochain gouvernement.
Donnez votre avis