La situation de crispation politique qui prévaut actuellement en Tunisie rappelle, à bien des égards, celle qui avait prévalu dans notre pays avant la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Comment éviter de subir l’implacable règle selon laquelle l’histoire est un perpétuel recommencement ?
Par Elyes Kasri *
Confrontée à d’importants défis exogènes et endogènes, la Tunisie a plus que jamais besoin de communication et de décrispation à l’intérieur et à l’extérieur.
Il est utile de rappeler à ce propos que la campagne pour et contre la candidature de la Tunisie pour abriter le 2e Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) et ultimement son partage en deux phases entre la Suisse (2002) et la Tunisie (2005) a enclenché une dynamique de contestation et même de délégitimation intérieure et extérieure du régime de feu Ben Ali.
Un sentiment croissant d’inquiétude
La susceptibilité croissante du pouvoir et la crispation du régime optant progressivement pour l’exclusion sur la base de la perception de loyauté et éventuellement la neutralisation et la répression de ceux qui sont perçus comme réfractaires ou carrément ennemis du régime et de ses «symboles» a accéléré la chute de feu Ben Ali qui s’est retrouvé, le 14 janvier 2011, sans soutiens en Tunisie et à l’étranger en dépit des acquis sociaux et économiques tout perfectibles fussent-ils mais qui demeurent toutefois de loin meilleurs que ceux de nos jours.
Avec une situation sociale et économique précaire suscitant un sentiment croissant d’inquiétude et même de désespoir chez un segment de plus en plus grand de la population et surtout chez les jeunes et faute d’une communication convaincante, les mesures prises contre d’importants journalistes et hommes politiques et les réactions aux expressions de malaise et de ras-le-bol semblent dégager un relent de déjà vu.
Le dialogue, l’apaisement et la décrispation
L’histoire n’a pas à être un éternel recommencement surtout pour ce qui a eu un dénouement malheureux.
La période à venir sera déjà suffisamment pénible avec son lot de réformes douloureuses et de sacrifices incontournables. Le dialogue, l’apaisement et la décrispation pourraient contrecarrer toute tentative d’exacerbation et d’instrumentalisation de la tension et permettre à la Tunisie de traverser cette phase critique avec le minimum de remous et de dégâts.
* Ancien ambassadeur.
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