Tunisie-Algérie : de bonnes clôtures font de bons voisins

Au-delà des malentendus, du reste rares et passagers, qui peuvent entacher les relations entre la Tunisie et l’Algérie, les deux pays voisins seraient bien inspirés de coordonner plus étroitement leurs actions, notamment au niveau de leurs frontières communes, pour combattre toutes les formes de criminalité, y compris la contrebande qui affecte leurs économies respectives.

Par Imed Bahri   

Suite aux plaintes exprimées par des ressortissants tunisiens affirmant avoir été malmenés par des agents algériens aux postes frontaliers entre les deux pays, le président de la république algérienne, Abdelmadjid Tebboune n’a pas tardé à réagir.

L’agence de presse algérienne APS a, en effet, rapporté, vendredi 10 février 2023, que M. Tebboune «a enjoint de ne pas gêner ni entraver la circulation, au niveau des postes-frontières, des Tunisiens frères souhaitant entrer en Algérie ou en sortir».

Mettre fin à la contrebande frontalière

Au-delà des versions relayées par les médias tunisiens, hier, reprenant des récits de Tunisiens se disant humiliés et dépouillés de leurs achats effectués en Algérie par les douaniers algériens aux postes frontaliers, il semble que les autorités algériennes ont mis en application une mesure datée de plusieurs mois et qui interdit l’exportation par quelque moyen que ce soit les produits subventionnés par l’Etat algérien.

Des sources à Alger affirment que le comportement des agents algériens n’a rien à voir avec l’affaire Amira Bouraoui, l’activiste algérienne poursuivie en justice dans son pays et qui a été exfiltrée il y a quelques jours vers la France, avec son passeport français, à travers l’aéroport de Tunis-Carthage.

Réagissant à ces faits dans un post Facebook, l’ancien ambassadeur Elyes Kasri a mis le doigts sur la plaie en écrivant qu’«en dépit de toute arrière pensée que l’on puisse prêter à nos voisins algériens qui ont commencé à exercer un contrôle strict des achats faits par des “touristes” tunisiens sur le territoire algérien, il faudrait plutôt saluer leur détermination à mettre fin à la contrebande entre les deux pays.»  Et d’ajouter, comme pour rappeler aux autorités tunisiennes la nécessité de défendre elles aussi, par des mesures similaires, les intérêts de leurs pays: «Pour sa part, la Tunisie impuissante a souffert pendant des décennies, sans trouver la détermination et les moyens de sauver son économie du commerce parallèle et de la contrebande en direction de l’Algérie en plus des pratiques de change parallèle auxquels s’adonnent de nombreux voisins pas uniquement algériens.»

Protéger les économies des deux pays

On sait, en effet, que des produits subventionnés par l’Etat tunisien sont exportés illégalement en Algérie par des ressortissants des deux pays, alimentant ainsi des réseaux de commerce informel des deux côtes des frontières. Ces trafics, qui affectent parfois les cheptels, enrichissent des réseaux de contrebande mais affectent les économies des deux Etats voisins, qui seraient bien inspirés de prendre des mesures concertées et d’agir en commun contre ces phénomènes de façon à éviter que la mise en œuvre de mesures unilatérales provoquent des malentendus et des interprétations tendancieuses, comme cela fut le cas hier avec l’affaire des «touristes»  Tunisiens dépouillés de leurs achats par des douaniers algériens.

«Un pays qui se respecte doit être en mesure de défendre non seulement son territoire mais également son économie et l’argent de ses contribuables», insiste Elyes Kasri, en citant un proverbe américain qui dit que de bonnes clôtures font de bons voisins («Good fences make good neighbours»).

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