L’issue défavorable de la désormais préoccupante «question tunisienne» est évitable si notre pays parvient à surmonter ses blocages politique et social actuels en forgeant un consensus national réaliste et durable sur les modalités de sortie de crise.
Par Elyes Kasri *
La «question tunisienne» devient de plus en plus préoccupante sur la scène internationale avec une conscience aiguë de l’urgence de la levée des obstacles à la conclusion de l’accord de facilités de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI) pour éviter l’effondrement non seulement de l’économie mais peut-être même de tout le pays avec tout ce que cela pourrait comporter comme menaces à la stabilité régionale.
Faute d’un plan B, la levée des obstacles à la conclusion de cet accord avec le FMI prend l’allure d’une priorité internationale.
L’urgence de l’accord avec le FMI
Si cette levée d’obstacles n’est pas réalisée au niveau national tunisien, ce qui semble malheureusement de moins en moins probable, il y a un fort risque qu’elle soit imposée de l’extérieur avec des modalités qui pourraient ne pas coïncider avec la souveraineté tunisienne et nous ramener, sans exagération aucune, à la période qui a précédé l’instauration du protectorat français en 1881.
Par ailleurs, l’évocation de plus en plus fréquente à l’étranger de cette «question tunisienne» commence à amplifier la perception d’une dichotomie dans les déclarations de nos partenaires étrangers, entre les vocables de régime et de peuple tunisien.
Cette dichotomie initiée par la lettre adressée le 26 octobre 2022 par le président et le vice-président de la commission des affaires étrangères du sénat américain au Secrétaire d’Etat Antony Blinken, gagnerait à être prise au sérieux afin d’éviter des développements aussi inédits que préjudiciables.
Une tempête à l’horizon
Des indices amènent à croire à une tempête qui gronde à l’horizon. Ce dénouement défavorable reste tout de même évitable si la Tunisie parvient à surmonter le blocage politique et social en forgeant un consensus réaliste et durable sur les modalités de sortie de crise.
La parenthèse gagnerait à être refermée sur le délire romantique et les expérimentations révolutionnaires qui ont mené la Tunisie au bord du gouffre.
Autrement, la collision avec la réalité et les contraintes de la conjoncture extérieure, marquée par la volatilité et l’imprévisibilité, risquent d’être pénibles, extrêmement pénibles.
* Ancien ambassadeur.
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