Dans un article intitulé «Tunisia’s Influence in Europe», paru le 5 avril 2023 dans The New York Times, Lauren Jackson analyse les causes de ce qu’elle qualifie d’«influence de la Tunisie en Europe».
«La dernière fois que des troubles majeurs ont eu lieu en Tunisie, toute une région a été ébranlée», explique Lauren Jackson, et de rappeler: «La révolution tunisienne de 2011 s’est propagée dans les pays voisins lors de ce qui est devenu le printemps arabe, renversant de diverses manières des dirigeants autoritaires, provoquant des répressions et déclenchant des guerres.»
«Pendant des années, l’Europe et les États-Unis ont salué la Tunisie comme un succès isolé alors qu’elle passait de la dictature à la démocratie. Désireux d’avoir un voisin fiable en Afrique du Nord, l’Union européenne (UE) a versé des milliards de dollars aux gouvernements de transition tunisiens. Mais ensuite (…) des présidents se sont succédé en Tunisie depuis la révolution, et le dernier en date, Kaïs Saïed, a fait dérailler sa démocratie naissante, instituant le règne d’un seul homme», écrit la journaliste américaine qui estime que la crise politique tunisienne est aujourd’hui aggravée par une crise économique, menaçant la stabilité du pays. Ce qui, selon elle, a fortement influencé la position des pays l’UE qui, tout condamnant la montée de l’autoritarisme de Saïed, «veulent aussi limiter la migration depuis la Tunisie», alors que, «l’escalade des crises en Tunisie pourrait envoyer plus de migrants à travers la Méditerranée, un résultat que les nations membres de l’UE, en particulier l’Italie, espèrent éviter», écrit-elle encore.
«L’Union européenne s’appuie fortement sur la Tunisie pour endiguer la migration, donnant à son président de plus en plus autoritaire un levier dans les négociations avec le bloc communautaire», explique Lauren Jackson, qui estime que, grâce à ce dossier de la migration, «la Tunisie maintient une influence puissante en Europe, un exemple de l’influence diplomatique des pays de transit – en particulier les pays qui sont le dernier point de départ des migrants demandeurs d’asile».
Ce phénomène, la journaliste pense l’avoir déjà observé dans les relations du Mexique avec les États-Unis.
I. B.
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