L’auteur réagit à l’annonce de l’arrestation de Ghannouchi Ghannouchi, président du mouvement islamiste Ennahdha, hier soir, lundi 17 avril 2023, suite à des déclarations jugées délictueuses.
Par Mohamed Cherif Ferjani *
Dans la déclaration de Ghannouchi, du moins de que j’en ai entendu, on n’est pas loin d’un appel à la violence – «celui qui fait un tel putsch mérite qu’on lui jette des pierres» – suivi de l’évocation de la guerre civile : Est-ce de la liberté de parole comme le disent ceux qui dénoncent son arrestation ? Ou est-ce un appel à la violence qui tombe sous le coup de la loi ?
Ce qui est sûr c’est que Ghannouchi se croyait intouchable et qu’il pouvait se permettre de tenir de tels propos sans être inquiété. Ceci étant, il aurait été préférable qu’il soit poursuivi dans le respect des procédures légales et dans le cadre d’affaires pour lesquelles Ghannouchi et sont mouvement doivent rendre compte comme l’appareil sécuritaire d’Ennahdha, la protection fournie aux assassins de Chokri Belaid, de Mohamed Brahmi et aux réseaux terroristes, l’infiltration des services de l’État – dont en particulier les ministères de l’Intérieur, de la Justice, etc. – pour mener des activités qui constituent des crimes impardonnables, plutôt que pour une déclaration qui relève plus de la liberté d’expression que de l’incitation évidente à la guerre civile.
A mon avis, Kaïs Saïed a franchi une nouvelle étape et le pire est devant nous : il risque de voir dans l’absence de réaction aux arrestations des politiques un encouragement pour s’attaquer à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et autres forces de la société civile qui résiste à son projet autocratique ! Si on le laisse arriver jusque-là, ce sera trop tard pour l’arrêter et ce sera autrement plus grave.
* Professeur honoraire de l’Université Lyon2, président du Haut conseil scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies.
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