Tunisie : Kaïs Saïed ressort sa grinta altermondialiste  

«La Tunisie, qui accepte la coopération, n’accepte rien qui ressemble à de la charité ou à de l’aumône», a déclaré Kaïs Saïed lors de son entretien lundi 2 octobre 2023 au Palais de Carthage avec le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l’étranger, Nabil Ammar. Le président de la république a ajouté que «la Tunisie et son peuple ne recherchent pas la sympathie, mais la rejettent plutôt si elle traduit un manque de respect». Vidéo.

Cette déclaration fait suite aux discussions sur les relations de la Tunisie avec l’Union européenne (UE), notamment la récente proposition d’aide financière de l’Union visant dans le cadre du mémorandum d’accord sur la lutte contre la migration irrégulière signé en juillet dernier, et qui fait encore débat à Bruxelles. Elle fait suite à plusieurs autres déclarations similaires où le chef de l’Etat affirme rejeter les diktats et les ingérences étrangers et appelle les Tunisiens à compter sur leurs propres moyens pour sortir de la crise.  

Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat a exprimé le rejet par la Tunisie de l’annonce faite par l’UE, «non pas à cause du petit montant offert, car les trésors du monde ne valent pas un seul grain de notre souveraineté aux yeux de notre peuple, mais parce que cette proposition contredit le protocole d’accord sur la migration signé en Tunisie et l’esprit qui a prévalu pendant la Conférence de Rome en juillet 2022, initiée par la Tunisie et l’Italie».

Saïed a souligné que la Tunisie met tout en œuvre pour démanteler les réseaux criminels impliqués dans la traite des êtres humains, et qu’elle n’a jamais été la cause de la misère endurée par la majorité des pays africains. «La Tunisie, comme beaucoup d’autres pays, a souffert du système mondial actuel et ne veut pas en être à nouveau une victime, pas plus que les pays d’où proviennent ces vagues migratoires. Ils sont victimes d’un système mondial qui manque de justice et de respect de la dignité humaine», lit-on dans le communiqué présidentiel à tonalité altermondialiste qui rappelle à l’Europe son passé colonial et sa responsabilité historique à l’égard des peuples du sud dont elle a longtemps exploité les ressources.

L’entretien a également porté sur la participation de la Tunisie à l’Assemblée générale des Nations Unies et sur les réunions tenues en marge de cette réunion, ainsi que sur les résultats des visites du ministre des Affaires étrangères à Moscou et à Pretoria.

Le président Saïed a exprimé sa satisfaction devant l’accueil positif dont la Tunisie a bénéficié sur la scène internationale, tant au Nord qu’au Sud, suite à l’adoption de nouvelles approches en rupture avec le passé. Il a noté que le monde connaît des changements importants et que la Tunisie, attachée aux principes de non-alignement, doit suivre le rythme de ces changements et être un partenaire actif, avec une voix entendue et des positions inébranlables, dans la construction d’une nouvelle histoire pour l’humanité. Vidéo.

I. B.

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