L’Office du commerce de Tunisie : un nid de corrompus ? (Vidéo)

Lors de sa visite à l’Office du commerce de Tunisie (OCT), jeudi 11 janvier 2024, le président Kaïs Saïed a souligné encore une fois la nécessité de demander des comptes à tous ceux qui se rendent responsables de gaspillage de l’argent public. (Vidéo).

Par Imed Bahri

Le président de la république a voulu démontrer que les pénuries dont se plaignent les citoyens sont dues à des manœuvres de lobbys d’intérêts, aidés en sous-main par des responsables de l’administration publique et, dans le cas qui nous intéresse, des cadres de l’OCT, relevant du ministère du Commerce et du Développement des exportations, lequel OCT, faut-il le rappeler, a le monopole de l’importation du blé, du sucre, du café, du thé, du riz et d’autres produits de première nécessité.

Pour le président Saïed, ces responsables corrompus «gaspillent largent public dans le but dabuser le peuple tunisien», ce qui requiert, selon lui, l’ouverture d’une enquête sur toutes les violations enregistrées au sein de l’OCT, confirmant l’existence de documents et de preuves incriminant un certain nombre de cadres et d’agents.

Corruption à tous les étages

Pour le président de la république, les difficultés observées depuis plusieurs mois dans l’approvisionnement du marché en produits de première nécessité ne sont pas dues aux difficultés financières de l’Etat qui a le monopole de l’importation de ces produits, mais à l’inconduite, et le mot est faible, de certains fonctionnaires. Il a d’ailleurs cité à l’appui de ses dires le cas d’une cargaison de café arrivée dans les ports tunisiens en avril 2022, mais qui n’a pu être débarquée, parce que des responsables de l’OCT ont œuvré pour bloquer la marchandise au port, et ce, en entravant l’achèvement des procédures et en dérobant le chèque bancaire censé assurer le paiement et la conclusion de la transaction. Le président a d’ailleurs accusé clairement une responsable de l’OCT d’avoir délibérément dérobé le chèque en question, tout en s’adressant à elle directement et de vive voix.

Kaïs Saïed, traits fermés, s’adresse aux responsables de l’OCT.

Saïed soupçonne certains responsables de l’OCT d’être au service de groupes d’intérêts, de lobbyistes et d’opérateurs économiques bénéficiant d’un monopole sur la distribution et la commercialisation de certains produits. La conséquence de cette situation est, selon lui, le gaspillage de l’argent public et le manque de certains produits sur le marché. A l’en croire, ces opérateurs véreux contrôlent le marché, stockent les denrées alimentaires pour provoquer des pénuries, font flamber les prix et réalisent ainsi des bénéfices indus, avec le soutien intéressé de certains responsables de l’administration.

«Il faut mettre fin à toutes ces manipulations, et que chaque responsable soit au service du peuple et non dune quelconque partie », a lancé Saïed, ajoutant qu’il existe de nombreux autres dossiers relatifs à des fonctionnaires et des employés qui sont au service de lobbies de distribution du café, favorisent certains distributeurs aux dépens d’autres et participant à des réseaux de corruption active.

Dans ce contexte, le président a mentionné le cas d’un employé chargé de la supervision des transactions, qui a procédé à l’acquisition d’un terrain au profit de l’OCT pour un montant de 1,2 million de dinars, alors que la valeur réelle de ce terrain ne dépassait pas 200 000 dinars.

Tout en réitérant la nécessité d’assainir les circuits de distribution et de stockage des denrées alimentaires, le président de la république a rappelé le rôle de l’Office dans la répartition équitable des produits dans toutes les régions du pays, ainsi que dans les stockages stratégiques qu’il est censé garantir.

Une aberration économique

On notera, en conclusion, qu’à aucun moment le président de la république n’a mis en question l’aberration économique selon laquelle l’Etat continue de monopoliser l’importation et la distribution de certains produits comme le sucre, le thé, le café, le riz, le tabac ou l’huile de cuisson, qui plus est, par des offices d’Etat qui sont mal gérés et lourdement endettés auprès des fournisseurs et des banques, alors que – et tous les experts vous le diront – la  solution à tous les problèmes de distribution évoqués par le chef de l’Etat réside dans la libéralisation du secteur et à la mise en place des garde-fous légaux et des conditions matérielles d’une concurrence saine entre les opérateurs. Car, s’il y a encore des monopoles qui font flamber les prix, c’est l’Etat qui en est le premier responsable. Car c’est lui qui est au cœur de ce système biaisé.

Vidéo.

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