«Les États-Unis ont parcouru 9000 Km pour soutenir Israël alors pourquoi n’avons-nous pas le droit de soutenir les Palestiniens?», se demande Abdelmalek Al-Houthi, le chef des Houthis, le mouvement yéménite pro-iranien.
Par Imed Bahri
Dans une allocution télévisée jeudi 18 janvier 2024, le chef du mouvement Ansar Allah (les Houthis) Abdelmalek Badreddine Al-Houthi a passé en revue la situation explosive au Moyen-Orient aussi bien l’extrême tension entre les Houthis et les États-Unis qui ont mené une série de bombardements contre le Yémen que la situation à Gaza suite à l’offensive israélienne qui dure depuis plus de 100 jours ainsi que la complicité occidentale et spécifiquement américaine dans le génocide qui a lieu dans le territoire palestinien.
Alors que le Yémen subit des bombardement américains et britanniques depuis une semaine en signe de représailles contre les Houthis qui ciblent les navires israéliens et ceux se rendant en Israël dans la mer Rouge en signe de soutien aux Palestiniens de Gaza subissant un génocide depuis plus de 100 jours, Abdelmalek Al-Houthi est revenu sur les raisons de ce soutien qui est pour lui non seulement justifié mais relève du devoir religieux: «Les dirigeants américains, sur la base de leur respect pour les dirigeants du lobby sioniste, se tiennent aux côtés de l’occupation alors comment pouvons-nous ne pas être aux côtés des Palestiniens? Comment ne pas soutenir le peuple palestinien qui se trouve au premier rang pour défendre ses droits? Comment ne pas affronter l’oppresseur et les tyrans? Comment ne pas agir sur la base de notre responsabilité religieuse et du djihad pour Allah aux côtés du peuple palestinien? Contre qui notre oumma luttera-t-elle si elle ne résiste pas maintenant à la tyrannie israélienne, américaine et britannique? Si le peuple yéménite n’avait pas soutenu le peuple palestinien, il aurait renoncé à sa foi.»
Un «terroriste» en cache un autre
Le chef houthi s’est également exclamé en faisant part d’un raisonnement logique qui interpelle l’opinion publique internationale: «Si l’Américain considère qu’il doit parcourir plus de 9 000 kilomètres pour atteindre notre région alors comment se fait-il que nous n’ayons pas le droit d’être aux côtés du peuple palestinien alors qu’il fait partie de nous?».
En effet, pourquoi les États-Unis soutiennent-ils Israël qui commet un génocide effroyable depuis plus de 100 jours à Gaza, militairement, diplomatiquement et par tous les moyens possibles, alors qu’ils considèrent comme terroristes tous ceux qui soutiennent la résistance palestinienne? Et pourquoi livrent-ils une guerre par procuration contre les Houthis au profit d’Israël en bombardant le Yémen? Pourquoi le soutien aveugle à Israël est-il permis et tout soutien à la résistance palestinienne est-il interdit et considéré comme du terrorisme?
Abdelmalek Al-Houthi a souligné sur le fait que «l’ennemi sioniste» n’aurait pas pu poursuivre ses crimes qui perdurent encore aujourd’hui sans le soutien indéfectible des États-Unis qu’il qualifie comme les «partenaires de cette agression contre les civils» en fournissant toutes les formes de soutien. Il a également évoqué le cas de nombreux pays européens qui ont également cherché à inciter contre le peuple palestinien et qui ont classé les dirigeants de la résistance comme terroristes. Il a par la même occasion dénoncé l’indifférence des pays arabo-musulmans à l’égard de la Palestine.
Al-Houthi a également souligné que le soutien militaire yéménite à la résistance palestinienne s’est fait au moyen de missiles balistiques contre l’entité sioniste et en mer Rouge en empêchant les navires d’atteindre les ports israéliens «ce qui a eu un très grand impact sur l’entité» (Israël, Ndlr). Il a estimé aussi que «l’agression américano-britannique contre notre pays confirme l’efficacité de ce que nous faisons en mer pour soutenir les Palestiniens.»
Dans un message adressé à l’administration américaine, Al-Houthi a souligné que «la confrontation directe avec les États-Unis d’Amérique et Israël ne fera pas peur au peuple yéménite, bien au contraire! Ce peuple attend depuis longtemps cette confrontation. Il était temps de combattre le premier ennemi qu’ils combattaient à travers d’autres pays» (il fait référence ici à la coalition essentiellement composées des pays du Golfe et soutenue par Washington et qui a livré une guerre au Yémen et imposé un blocus pendant plus d’une décennie, Ndlr).
A la guerre comme à la guerre
Concernant l’impact des bombardements américains et britanniques sur les capacités opérationnelles de son mouvement, Abdelmalek Al-Houthi a été clair: «L’agression américano-britannique n’affectera pas nos capacités militaires et ce n’est qu’une illusion et une propagande médiatique», il confirme ainsi les informations livrées par de hauts responsables américains sous couvert d’anonymat au New York Times et que nous avons évoquées dans l’article «Les Houthis: ‘‘Nous sommes en guerre contre les États-Unis et la Grande-Bretagne’’». Abdelmalek Al-Houthi a également affirmé que cette agression les rendait encore plus déterminés à développer leurs capacités en armement.
Il est à signaler que le jeudi 18 janvier, les Américains ont de nouveau bombardé les Yémen et par la suite dans la soirée les Houthis ont lancé des missiles sur un navire américain au large d’Aden. Il est clair que la réponse militaire à ce mouvement n’a fait que pourrir davantage la situation.
Les Américains considèrent le soutien à la résistance palestinienne comme du terrorisme. D’ailleurs ils viennent de réintroduire Ansar Allah sur la liste des mouvements terroristes alors que le mouvement yéménite considère le soutien à la cause palestinienne comme relevant de la foi et comme une obligation religieuse.
Nous ne sommes pas seulement face à un conflit militaire mais face à deux visions du monde et du Moyen-Orient complètement antagonistes. Une situation qui a tourné à la confrontation et le demeurera tant que la première puissance mondiale s’enferme dans son soutien aveugle à Israël, refuse le cessez-le-feu à Gaza et préfère le langage de la force avec les mouvements comme les Houthis au lieu de privilégier la diplomatie et le dialogue.
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