Les Tunisiens n’ont pas besoin d’hommes providentiels, ils en ont déjà eu suffisamment qui les ont souvent déçus. Ils ont besoin de programmes concrets, de visions d’avenir et d’un engagement crédible à leur mise en œuvre sans tergiversation ni faux fuyant.
Par Elyes Kasri *
En plus de sa crise économique qui s’intensifie de jour en jour, la Tunisie vit une atmosphère de campagne électorale présidentielle qui s’annonce sans toutefois en connaître ni la date ni les modalités.
En dépit d’une ambiance qui oscille déjà entre la fête foraine et la foire d’empoigne, il importe d’éviter de personnaliser le débat pour le centrer sur une vision et un programme d’avenir pour concrétiser l’aspiration des Tunisiens à la sécurité socio-économique et à un avenir meilleur loin des joutes juridiques et idéologiques qui n’ont donné qu’une exacerbation du chômage, une inflation galopante et un endettement étouffant.
Les Tunisiens ont vu depuis 2011 où les ont menés les clivages idéologiques et les conflits de personnes pour réaliser que ce qui compte le plus c’est une vision socio-économique d’avenir inclusive, durable et réalisable dans les délais qu’exige la conjoncture intérieure et internationale fluide et à la limite de la volatilité et du débordement.
Plutôt que l’attente vaine et vouée à la désillusion et à la déception du sauveur providentiel, le choix gagnerait à être fait désormais entre des programmes, des visions et un engagement crédible à leur mise en œuvre sans tergiversation ni faux fuyant.
* Ancien ambassadeur.
** Selon l’essayiste français Maxime Tandonnet, chaque crise dramatique, mettant en jeu l’avenir de la nation, se traduit par l’émergence d’un personnage providentiel. Le réflexe unitaire autour d’un personnage est le fruit d’un désespoir collectif, d’une angoisse ou d’une souffrance, ajoute-t-il.
Donnez votre avis