France : Sciences Po aux couleurs de la Palestine

Les manifestations dans les universités américaines contre le génocide perpétré par Israël à l’encontre les Palestiniens à Gaza est en train de gagner peu à peu les universités européennes, notamment en France. «La société française dans l’engrenage du conflit au Proche-Orient», titre Le Monde.

Reportage photo de Abdellatif Ben Salem

Mercredi 24 avril 2024, à Sciences Po, rue Saint guillaume, à Paris, des étudiants pro-Palestiniens installent des tentes sur leur campus, suivant le mouvement initié par les universités de Columbia et Harvard aux États-Unis.

Le «Comité Palestine de Sciences Po» est à l’origine de cette action, organisée un mois et demi après une conférence pro-Gaza qui avait déjà tourné à la polémique.

Selon l’AFP, quelques dizaines d’étudiants ont participé au rassemblement sur le campus Saint-Thomas, en plein de cœur de Paris, pour manifester leur opposition à la politique menée par la plupart des Etats occidentaux dans le conflit opposant Israël aux Palestiniens de Gaza et appeler à un cessez-le-feu immédiat et à l’arrêt de toute aide militaire à Israël.

Les manifestants ont scandé : «Vive, vive la Palestine !» Des tracts étaient aussi distribués aux personnes présentes, appelant à une «Veillée pour la Palestine», avec en sous-titre «Ensemble contre la répression, ensemble pour la justice : Sciences Po doit agir !».

Tous les manifestants réclament que Science Po «coupe ses liens avec les universités et les entreprises qui sont complices du génocide à Gaza» et «la fin de la répression à l’encontre des voix pro-palestiniennes sur le campus», a indiqué une étudiante en master citée par l’AFP.

Les manifestants ont finalement été délogés dans la nuit par les forces de l’ordre.

Hier, vendredi 26  avril, la tension est montée d’un cran et des forces de sécurité ont été déployées pour procéder à des évacuations dans la soirée, avant que la direction de l’école annonce un accord avec les manifestants pro-palestiniens.

Elle a notamment indiqué dans un communiqué qu’elle prenait l’«engagement» de «suspendre les saisines de la section disciplinaire engagées depuis le 17 avril», alors que les militants demandaient «la cessation immédiate des poursuites disciplinaires envers les étudiants pro-palestiniens».

La direction de l’école s’est aussi engagée à organiser un débat interne. «Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l’institution», a écrit Jean Bassères, administrateur provisoire, dans un message, cité par Le Figaro.

Evoquant les tensions actuelles en France entre les camps pro-Israël et pro-Palestine, Le Monde écrit : «C’est un pays qui glisse vers le tumulte qu’il redoute. Condamnations et convocations de militants politiques et syndicaux pour ‘‘apologie du terrorisme’’ en pleine campagne électorale pour les élections européennes; interdictions de conférences dans des universités, voire de réunions politiques; occupation de Sciences Po, à Paris; médias et réseaux sociaux en fusion : le conflit israélo-palestinien a envahi l’ensemble de la sphère politique, sociale et médiatique en France.»

En fait – et cela les élites en Occident ont du mal à l’admettre –, on assiste aujourd’hui à une sorte de rupture générationnelle entre les jeunes Occidentaux et leurs aînés qui ne réagissent plus de la même façon aux conflits que l’Occident alimente aux quatre coins du monde, directement ou indirectement à travers leurs alliés régionaux, comme Israël au Moyen-Orient.

Longtemps bernés par la propagande diffusée par les élites au pouvoir et les médias qui leur sont soumis, tous à la solde de l’Internationale Sioniste, elle-même au service de l’Etat génocidaire d’Israël, les jeunes occidentaux se réveillent sur l’ampleur du désastre commis par leurs aînés et les menaces que ces derniers font peser sur la paix mondiale, aujourd’hui et demain.

Pour ces jeunes, le sort tragique réservé aux Palestiniens est le signe criard d’une défaillance morale et d’une perte de crédibilité d’un Occident qui a vendu son âme à tous les diables. Et s’ils se révoltent aujourd’hui et expriment de plus en plus tapageusement leurs désaccords, c’est parce qu’ils craignent d’hériter, demain, d’un monde ingérable et en état de désagrégation avancée.

Pour ce qui est de la France, le fait que Sciences Po Paris, vivier où sont formées les élites politiques et économiques de demain, longtemps considéré comme un fief de la droite conservatrice, devienne aujourd’hui le porte-drapeau de la révolte estudiantine, est en soi le révélateur d’un grand malaise français.

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