La résurgence qui s’apparente à une résurrection du Hamas dans le nord de bande de Gaza et la reprise d’intenses combats à Jabalia interpellent. Chassé par la porte, le mouvement palestinien est revenu par la fenêtre faisant du nord le cauchemar des responsables israéliens qui voulaient se concentrer sur Rafah et l’ensemble de Gaza est devenu pour eux un véritable Viêtnam. Les experts israéliens parlent eux-mêmes «d’évaporation des exploits» et «de soldats qui errent comme des zombies qui ne savent pas quoi faire». Et en dépit de tout cela, le très arrogant et très obstiné poursuit sa guerre génocidaire et continue de servir le refrain de «l’éradication du Hamas».
Imed Bahri
Le Washington Post a publié une enquête préparée par Loveday Morris, Shira Rubin et Hazem Balousha affirmant que le retour des combattants du Hamas dans le nord de Gaza rend la fin de la guerre israélienne de grande envergure. Ils ont déclaré que les responsables américains et israéliens effectuent désormais de plus en plus d’évaluations sur la résilience du Hamas. Ils ont déclaré qu’Israël avait déclaré la victoire dans le camp de Jabalia en décembre 2023 et qu’il avait brisé le contrôle du mouvement palestinien dans son bastion traditionnel dans la bande de Gaza.
Le commandant de la 162e division de l’armée israélienne, le général Itzik Cohen avait déclaré: «Jabalia n’est plus ce qu’elle était, des centaines de terroristes ont été tués» et «500 suspects ont été arrêtés».
Cinq mois plus tard, les forces israéliennes sont de retour à Jabalia et les forces terrestres avancent vers le camp densément peuplé utilisant des chars et appuyées par des frappes aériennes dans le cadre de ce que l’armée israélienne appelle une «opération de nettoyage» contre le Hamas dont les combattants se sont rapidement
regroupés dans les zones d’où les Israéliens sont partis.
Une guerre d’usure écrasante
Le journal américain commente que l’opération militaire qui progresse rapidement s’est transformée en une guerre d’usure écrasante, d’une manière qui masque l’éloignement de son objectif militaire principal qui est le démantèlement complet du mouvement Hamas.
L’organisation palestinienne, qui s’appuie sur un grand nombre de combattants prêts à participer et sur un vaste réseau de tunnels et qui sont imbriqués au tissu social, a révélé qu’elle était capable de résister à une attaque militaire écrasante.
Le retour de l’armée israélienne au nord coïncide avec la campagne militaire contre Rafah dans le sud de Gaza, vers laquelle ont fui plus d’un million de Palestiniens. C’est ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté comme la «dernière bataille» dans laquelle «la victoire complète sur le Hamas sera obtenue». Mais les responsables américains et certains membres du cabinet de guerre dirigé par Netanyahu lui-même donnent des évaluations différentes et sévères sur la flexibilité du mouvement et sur l’incapacité du Premier ministre israélien à se préparer aux conséquences de la guerre à Gaza.
Gouvernement du Hamas ou occupation de Gaza
Mercredi, le ministre de la Défense Yoav Galant a exigé que Netanyahu s’engage à ce qu’Israël ne dirige pas la bande de Gaza après la guerre alors que les commandants de l’armée craignent qu’ils ne mènent une opération rampante qui se terminera par la réoccupation de l’ensemble de Gaza. Gallant a prévenu que «le Hamas pourrait retrouver son pouvoir tant qu’il maintient le contrôle du côté civil» et que par conséquent, ne pas fournir une «autorité de gouvernement alternative» équivaut à «choisir entre la pire des deux options: le gouvernement du Hamas ou une domination sur Gaza».
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan a repris le même refrain lundi, déclarant: «La pression militaire est nécessaire mais insuffisante pour vaincre complètement le Hamas» et «si les efforts d’Israël ne s’accompagnent pas d’un plan politique pour l’avenir de Gaza et le peuple palestinien, les terroristes continueront de revenir.»
La semaine dernière, Netanyahu a déclaré qu’Israël avait tué 14 000 combattants du Hamas mais le mois dernier, l’armée israélienne a estimé le nombre à 13 000 combattants bien qu’il n’y ait aucune confirmation de ces chiffres. Même si cela se produisait, cela ne dépasserait pas la moitié de la force de combat du Hamas et cela ne prend pas en compte les autres factions qui combattent à Gaza.
La guerre a jusqu’à présent tué plus de 35 000 Palestiniens, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui affirme que la plupart d’entre eux sont des femmes et des enfants. Le système de santé de la bande de Gaza a été détruit et la famine s’est installée dans le nord de Gaza, selon le rapport du directeur du Programme alimentaire mondial des Nations Unies.
Israël coincé dans le bourbier de Gaza
Selon les habitants du camp de Jabalia, lorsque l’armée israélienne s’est retirée du camp, le Hamas est revenu et a lancé une campagne de recrutement, fournissant des emplois et établissant son quartier général. Un résident du camp de 42 ans a déclaré: «Il y avait une présence policière, mais sans uniforme, ils étaient tous en civil.»
Le Washington Post a cité également le général Tamir Hayman, ancien responsable des renseignements militaires, parlant de plusieurs «classes» de combattants du Hamas dans la ville. Il a ajouté que l’opération se concentrera sur les personnes qui se cachent sous terre et sous les installations militaires et sur d’autres personnes en surface qui ont une relation avec la couche souterraine.
Le général Israel Ziv estime que l’armée est en passe de mener une «guerre à plusieurs niveaux» comme elle l’a fait dans le sud du Liban dans les années 1980. Il s’agit d’une guerre qui a été le théâtre de combats et d’occupations féroces pendant 15 ans et qui n’a pas réussi à neutraliser le Hezbollah. Ziv estime les capacités du Hamas à 20 000 combattants et «il peut en recruter 40 000 de plus». Il a également déclaré que «les premières réalisations militaires se sont évaporées en raison de l’absence de plan politique» avant de poursuivre: «Si vous pratiquez uniquement une action militaire sans solution diplomatique, vous vous retrouvez dans un bourbier et Israël est coincé à Gaza.»
Quant au commentateur sécuritaire du journal Haaretz Yossi Melman, il a déclaré que l’armée israélienne a perdu sa boussole. Il estime que les soldats hébreux «sont comme des zombies qui errent ici et là et ils ne savent pas ce qu’ils font». Plus de sept mois de génocide, de crimes de guerre et Gaza demeure le cauchemar d’Israël et le Hamas non seulement n’a pas été éradiqué mais chassé par la porte, il est revenu par la fenêtre dans le nord du territoire palestinien où les combats font rage de nouveau. Gaza est devenue incontestablement le Viêtnam d’Israël, tout le monde l’a compris sauf Netanyahu et sa coalition de suprémacistes et de génocidaires qui continuent de servir le refrain de l’éradication du Hamas.