Ouverture en grande pompe, jeudi 18 juillet 2024, de la 58e session du Festival international de Carthage (FiC) qui célèbre la 60e année de sa création. Tôt, avant l’heure du spectacle, une longue file grossissait devant les guichets, le public, de tout âge, avait rendez-vous avec une figure emblématique de la chanson tunisienne et arabe : Lotfi Bouchnaq. Vidéo.
Il est 21 heures, juste à l’entrée du théâtre, une foule de journalistes et de curieux suivent au pas Moncef Boukhtir, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, chargé de la gestion du ministère des Affaires culturelles et ses invités, qui inaugurait un stand d’une exposition documentaire retraçant les 60 ans de la fondation du Festival international de Carthage (1964-2024). Les moments forts des six décennies de la création du FiC. Soixante ans de vie, de spectacles, de chansons, de scènes de théâtre, de danse, de découvertes et de création, fixées sur des clichés en noir et blancs dans un hall et en couleurs dans un deuxième espace, rappelant des heures heureuses d’un temps révolu. Nostalgie !
L’amphithéâtre est rempli, foule bigarrée, forte humidité dans l’air, mains tendues, téléphones allumés, le public s’impatiente.
Spectacle à la hauteur de l’événement
A dix heures tapantes, l’hymne national fait lever le public, des applaudissements suivent, le grand orchestre entre en scène, suivi de son chef Fadi Ben Othman, quelques minutes plus tard, sous l’épaisseur des fumerolles, entre la vedette attendue, costume noir et luth en main, Bouchnaq salue la foule, c’est un moment fort qu’il affronte, le spectacle appelé «Ayech leghnayati» (Je vis pour mes chansons) couronne cinquante ans de carrière.
Bouchnaq, l’habitué des scènes nationales et internationales, joue ici sur du velours, un public acquis, un battage médiatique conséquent, une scène de prestige et un double anniversaire : 60 ans de la fondation du FiC, 50 ans de chansons, belle rencontre qui promet un spectacle à la hauteur de l’événement.
«Ayech leghnayati» est un méga- show, conçu par les deux fils du chanteur, Abdelhamid et Hamza), qui reprend les 50 ans de carrière. Un grand orchestre, des chorégraphes, des projections d’extraits de films, de hauts personnages de la scène artistique tunisienne et l’omniprésence de Bouchnaq. Départ avec une pensée nostalgique au rossignol de la chanson Ali Riahi («Ya chagla bali») qui date des années 1970, le public reprend les strophes avec joie. Ça chauffe ! Sur les écrans passent les icônes de la musique tunisienne, l’inévitable Ali Sriti, Ali Riahi, évidemment et Nâama, Ridha Kalaï… Sur l’écran, des compositeurs témoignent de leur fidélité, des paroliers révèlent leur amitié, des compagnons de route vivants ou disparus affirment leur admiration…Bel hommage !
La grande part de la soirée sera consacrée aux chansons qui ont fait le succès du chanteur, sur l’écran, on voit ou revoit avec plaisir de longs extraits du film ‘‘Halfaouine’’ de Ferid Boughedir, le chanteur entame ‘‘Ritik ma nâaref wine’’, avec entrain, le public reprend le refrain, c’est un anniversaire, la vedette est aux anges, il tend le micro à son public qui n’en demande pas tant. La fête commence fort, elle continuera sans mollir. Suivra un bouquet de chansons patriotiques, sur fond de paysages, des personnages défilent reprenant la célèbre chanson ‘‘Ahna El joud, ahna elkaram’’.
Il va de soi qu’en pareille période où les Palestiniens, les Gazaouis en particulier souffrent et meurent que Bouchnaq, admiré dans le monde arabe, connu pour son attachement à la cause palestinienne, témoigne, en cette circonstance, sa solidarité, il l’a prouvé pendant la soirée par la chanson, par des poèmes épiques scandés avec des gestes éloquents.
Le ténor termine son tour par ‘‘Naouar ellouze’’ et des extraits de chants mystiques.
Trois heures d’un spectacle qui a captivé le public. Un seul regret, dira Bouchnaq aux journalistes, «que les Gazaouis, privés d’internet et autres moyens de communication, n’aient pas vu le spectacle.»