Des citoyens en colère manifestent contre le régime à Tunis

Le projet d’amendement de la loi électorale présenté par un groupe de députés, à quelques jours seulement de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain, continue de susciter de vives critiques au sein de la société civile tunisienne qui a manifesté sa désapprobation lors d’un rassemblement de protestation, hier après-midi, dimanche 22 septembre 2024, au centre-ville de Tunis. (Photos Yassine Gaïdi).

Le rassemblement de protestation, organisé à l’appel du Réseau tunisien des droits et des libertés, a réuni plusieurs milliers de citoyens de toutes obédiences politiques qui ont scandé des slogans dénonçant ce qu’ils considèrent comme une dérive autoritaire du régime mis en place par le président de la république Kaïs Saïed au lendemain de la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021. Certains manifestants ont même appelé à la chute du régime.

Le mouvement a duré plusieurs heures et le centre-ville de Tunis était quadrillé par les unités de sécurité, qui ont fermé certaines artères menant au lieu de la manifestation, mais on n’a pas enregistré véritablement des violences comme souvent lors de pareilles occasions.

Plusieurs figures politiques étaient présentes, mais assez discrètement et en se fondant dans le foule. En n’agitant pas des pancartes indiquant leur appartenance partisane, les manifestants semblent avoir voulu éviter les divisions habituelles et se présenter comme des citoyens en colère contre ce qu’ils considèrent comme une dérive autoritaire et un verrouillage électoral, qui plus à deux semaines d’une présidentielle à laquelle le président sortant est lui-même en lice. Ils ont aussi lancé des slogans contre les pénuries, la cherté de la vie et la détérioration des services publics.

Il faut dire aussi que la campagne électorale, si campagne électorale il y a, se déroule dans une drôle d’ambiance : les trois candidats en lice ne se distinguent pas par leurs activités débordantes. Et pour cause: le président sortant mène normalement ses activités présidentielles et ne préside pas vraiment des meetings populaires; le second candidat, Zouhair Maghzaoui, s’agite comme il peut sans y croire vraiment; quant au troisième candidat, Ayachi Zammel, il est purement et simplement en prison avant même le début de la campagne poursuivi dans un grand nombre d’affaires intentées contre lui ces deux dernières semaines.

C’est une situation complètement inédite pour les Tunisiens dont beaucoup ne savent même pas encore s’ils doivent aller voter ou boycotter les élections, les jeux semblant déjà faits.

I. B.

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