Suite ua massacre qui se poursuit à Gaza, où les frappes israéliennes ont fait des milliers de morts et de blessés, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH) a adressé une lettre à l’Union Européenne afin de dénoncer la politique des deux poids deux mesures et un silence face aux massacres et au génocide perpétrés en Palestine.
Lettre à l’Union Européenne :
Suite à la tournure catastrophique qu’a prise la situation à Gaza, qui assume de plus en plus les traits d’une véritable tragédie sans précédent, consistant en une extermination pure et simple de tout un peuple, …
Nous, organisations de la société civile signataires de la présente, …
Nous vous tenons, ainsi que les gouvernements qui vous composent, responsables sur les plans légal et moral, des crimes de guerre, d’épuration ethnique et d’extermination commis par les forces israéliennes d’occupation dans la bande de Gaza assiégée, bafouant les règles humanitaires les plus élémentaires qui astreignent l’autorité d’occupation à assurer aux populations civiles les besoins vitaux, tels que l’eau, le courant électrique, la nourriture et les médicaments et interdisant, de surcroît, l’accès des organisations internationales de secours aux populations assiégées.
Ainsi, non seulement nous assistons avec effroi au mutisme de vos gouvernements – prompts pourtant, en d’autres circonstances, à se réclamer de la démocratie et des droits de l’homme – devant les crimes de l’occupant, mais encore nous constatons un coupable parti pris de votre part pour son point de vue biaisé : nous enregistrons avec hébétude que, non satisfaits de condamner la victime qui fait face à une politique délibérée de massacre collectif fondé sur l’identité, vous prodiguez vos encouragements à l’occupant, l’incitez à commettre ses crimes et vous évertuez à les défendre, et ce, désormais, sans éprouver le moindre scrupule, de manière explicite, lui offrant un soutien illimité et inconditionnel.
Cela fait de vous, de notre point de vue d’organisations civiles et démocratiques et de peuples aspirant à la libération et à la paix, des complices des crimes commis contre les civils, enfants, femmes et hommes.
Nous condamnons, par ailleurs, la politique des deux poids deux mesures que vous pratiquez vis-à-vis des problèmes du monde : au moment où vous restez muets face aux massacres et au génocide perpétrés en Palestine, vous vous précipitez avec ferveur pour défendre l’Ukraine, montrant ainsi un parti-pris flagrant et une implication coupable dans la provocation de conflits partout dans le monde.
Nous observons aujourd’hui, par le son et l’image, les crimes de terre brûlée, la destruction des immeubles et des maisons sur la tête de ceux qui y habitent, les bombardements incessants qui ont fait, depuis plus d’une semaine, plus de 3000 morts, dont le quart sont des enfants et le tiers, des femmes.
Les populations civiles, les écoles, les hôpitaux, les cadres de secours médical et les journalistes sont intentionnellement visés lors de ses bombardements, ce qui fait de cette guerre une évidente guerre d’extermination et d’épuration ethnique. Nous regardons tomber vos masques qui, faussement, affichaient votre attachement aux valeurs de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme.
Vous voilà, aujourd’hui, attelés à justifier les attaques contre les populations civiles désarmées, les assassinats prémédités et la destruction à grande échelle des biens, vous voilà qui soutenez l’anéantissement des établissements civils destinés à la pratique des cultes, à l’enseignement, aux soins médicaux ; même les unités médicales et les lieux de regroupement des malades et des blessés n’ont pas été épargnés.
Du point de vue des principes humanitaires et en vertu des accords internationaux, vous êtes un acteur de cette guerre, du moment que vous soutenez les attaques contre les agents de secours, les organisations internationales et les opérateurs médicaux. Vous vous rendez complices du même crime, lorsque vous soutenez les ordres visant à chasser les populations de leurs terres, en usant du déplacement forcé et des armes interdites par la communauté internationale : tous ces agissements constituent des éléments du délit de crime contre l’humanité, en vertu du règlement du Tribunal Pénal International, que vous avez intentionnellement et allègrement bafoué.
Au lieu d’assumer vos responsabilités et d’exercer vos prérogatives politiques et légales, en rejetant l’agression «israélienne » et en veillant à ce que les leaders de l’autorité d’occupation n’échappent pas à la sanction, vous préférez vous dissimuler derrière le principe oiseux qui voudrait que ces crimes ne soient que légitime défense et vous fournissez un soutien illimité à la machine de destruction ; vous en êtes arrivés même à réprimer les manifestations de soutien aux palestiniens qui entendent dénoncer les crimes de l’occupant.
Nous, organisations et peuples, considérons que le droit du peuple palestinien à lutter contre l’occupation est un droit légitime et garanti par le droit international ; ce droit a été exercé par les peuples européens contre le nazisme et le fascisme. Nous considérons que l’alignement des États Unis et de vos pays aux côtés de l’occupant ne fait que prolonger l’occupation raciste et nazie et les crimes de l’occupant. Votre soutien à l’agression continue sur Gaza et au régime d’Apartheid exercé sur elle, fait de vous des associés dans ce crime contre l’humanité.
Nous vous appelons donc, conformément à vos obligations issus du droit international humanitaire, à condamner les crimes de l’entité d’occupation à Gaza d’une manière claire et franche, à cesser immédiatement de lui fournir votre soutien politique et militaire, à peser de tout votre poids pour mettre fin, sans délai, à l’agression contre Gaza et son peuple et à vous abstenir de faire pression sur l’état égyptien afin qu’il accepte le déplacement forcé des citoyens de Gaza vers l’Égypte, conformément à un plan visant à faire d’une partie du Sinaï une terre de remplacement pour les Palestiniens. Nous vous demandons de faire en sorte que les aides médicales et humanitaires urgentes puissent arriver aux habitants.
Nous vous invitons en fin, à respecter le droit de vos citoyens à exprimer librement leurs opinions et à manifester pour soutenir le droit des peuples à l’autodétermination et pour condamner les crimes d’extermination collective que subit le peuple palestinien sans défense.
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