De retour d’une mission de quatre semaines à Gaza, Ricardo Martinez coordinateur logistique pour Médecins Sans Frontières (MSF), témoigne de l’horreur et de l’enfer que vivent les Gazaouis, dont près de 19.000 ont été tués depuis le 7 octobre 2023, dans des frappes de l’occupant israélien.
Ricardo Martinez qui était en mission du 14 novembre au 9 décembre 2023 à la clinique MSF de Khan Younès a tiré la sonnette d’alarme sur le manque d’eau et d’assainissement à Gaza.
«À ce stade, je suis presque certain que cela pourrait, à long terme, être aussi dangereux que les bombardements», a-t-il alerté cité par MSF en évoquant la situation humanitaire épouvantable à Gaza.
«Le système d’approvisionnement en eau ne fonctionne plus, il s’est complètement effondré. Les gens doivent lutter pour leur survie. Au maximum, les gens disposent d’un litre d’eau par jour pour boire, se laver et cuisiner. Il n’y a en moyenne qu’une seule douche pour 500 personnes. Ceux qui peuvent se doucher sont considérés comme chanceux. Dans le sud de Gaza, nos équipes distribuent 50 à 60 m3 d’eau par jour, mais ça ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan», a-t-il ajouté.
«J’ai vu des eaux usées s’écouler dans les rues où travaillent les vendeurs, où les enfants jouent et s’éclaboussent dans l’eau noire et sale. Imaginez les conséquences sur la santé…Dans certains endroits, il n’y a ni carburant ni électricité. Cela a un impact sur tout…Nous avons vu les pertes humaines dévastatrices causées par le manque de carburant dans les hôpitaux lorsque les générateurs ne fonctionnent plus», a encore déploré Ricardo Martinez.
Interrogé sur la fermeture de la clinique dans la ville de Khan Younès suite à l’ordre d’évacuer la zone par les forces israéliennes Ricardo Martinez a indiqué que le 3 décembre a été le jour le plus douloureux vécu à Gaza.
«Rester en vie n’est qu’une question de chance. D’autres lieux sur lesquels nous nous étions rendus ont été réduits à néant juste après notre visite. Des écoles, bureaux, maisons privées, usines de traitement de l’eau, ont été détruites….».
Le coordinateur logistique pour MSF a également témoigné sur le quotidien des Gazaouis lors de la trêve temporaire du 24 au 30 novembre en ses termes :
«Je me souviens très bien quand les bombardements ont cessé. Ce matin-là, dès que l’horloge a sonné sept heures, j’ai commencé à entendre des chants et des cris de joie. Ce jour-là, j’ai enfin pleuré parce que je voyais des gens si heureux. Mais cela n’a duré que quelques jours. La trêve s’est achevée à 19 heures et, dès 19h03, l’enfer s’est à nouveau déchaîné».
Et de conclure : «Pendant une courte période, les gens ont pu rendre visite à leurs familles. C’était l’une des choses les plus importantes pour tout le monde. Certains se sont rendus dans le nord de Gaza et ont pris le temps de passer plusieurs jours avec leurs proches. Mais d’autres en ont profité pour enterrer les morts. Tout n’était pas vraiment fini. Beaucoup sont allés récupérer les cadavres qui pourrissaient dans les rues – certains depuis près de deux mois. Vous pouvez imaginer l’odeur et la douleur…»
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