La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) n’a pas été officiellement dissoute mais c’est tous comme, puisque tous ses membres ont été informés que leurs salaires ne seront plus versés à partir de janvier 2024.
C’est ce qu’a indiqué Hichem Snoussi, membre du conseil d’administration de l’autorité de régulation audio-visuelle dont le régime en place depuis la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, ne voit pas l’utilité. «C’est le prix que doit payer la Haica pour avoir défendu son indépendance et refusé de se mêler au jeu des alliances», a lancé Snoussi, dans une déclaration à l’agence Tap, samedi 30 décembre 2024, ajoutant que «la Haica a reçu un courrier électronique du secrétaire général du gouvernement l’informant de la décision de suspendre le paiement des salaires de tous ses membres».
Snoussi a déclaré que cette suspension des salaires était une mesure «illégale», étant donné que la Haica est une autorité qui exerce ses prérogatives de manière indépendante, loin du contrôle du gouvernement.
Le conseil d’administration de l’autorité de régulation audiovisuelle compte actuellement six membres, dont trois retraités, un attaché et deux membres dont les salaires sont payés par l’Autorité.
«La suspension des salaires de tous les membres de la Haica ne signifie pas qu’ils ont été licenciés», a insisté Snoussi, ajoutant qu’«ils peuvent toujours exercer leurs fonctions sans être payés». Ce qui serait, bien sûr, une situation assez inédite voire cocasse, qui restera dans les annales de la république.
Snoussi a expliqué l’attitude des autorités à l’égard de la Haica par son refus de cosigner la décision n°31 de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) du 18 novembre 2022, modifiant la décision n° 8 du 20 février 2018 relative aux règles et conditions à suivre par les médias pendant l’élection et campagnes référendaires. Les règles et conditions de l’Isie pourraient affecter la transparence, l’intégrité et la régularité de la couverture médiatique des élections, en violation de la constitution et de la loi, avait-elle allégué, position perçue comme une insupportable volonté d’indépendance.
Il faut dire aussi que, dans sa volonté d’instaurer un contrôle direct sur les médias, le pouvoir en place ne tolère plus d’intermédiaires ou de médiateurs, surtout pas indépendants, comme se targuie d’être la Haica, qui a souvent critiqué les mesures abusives et arbitraires prises par le pouvoir exécutif à l’égard des médias.
I. B.
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