Le Fonds monétaire international (FMI) exerce une pression constante sur la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour qu’elle laisse chuter le dinar tunisien, estime un économiste tunisien.
Dans un article intitulé «Comment le FMI attaque la valeur du dinar tunisien?» publié dans le dernier bulletin de l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE, n° 8, août 2017), l’économiste Chafik Ben Rouine estime que, dans le cadre des accords de prêts qu’il accorde à la Tunisie, le FMI effectue des revues régulières qui donnent lieu à des estimations, notamment concernant la valeur «réelle» du dinar, telle que souhaitée par l’institution financière internationale. «A travers des modélisations complexes, le FMI estime ce que devrait être la valeur idéale du dinar dans le futur afin d’atteindre un équilibre macroéconomique (balance courante)», écrit M. Ben Rouine. Il ajoute : «Après avril 2012 et l’abandon de la fixation de la valeur du dinar via un panier de devises, le FMI continue à exercer une pression constante sur la Tunisie, et plus particulièrement sur la Banque centrale de Tunisie, pour que cette dernière cesse d’intervenir sur le marché des changes pour défendre la valeur du dinar.»
A chaque revue, le FMI a estimé, à travers ses modèles, que le dinar était surévalué d’environ 10%. Cette estimation a servi à mettre la pression sur la BCT pour qu’elle laisse la valeur du dinar chuter. Quand le dinar atteint la valeur souhaitée par le FMI, l’institution réalise une nouvelle modélisation qui estime que le dinar doit à nouveau baisser de 10%, et ainsi de suite, explique l’économiste.
Selon lui, le FMI a adopté avec la Tunisie «une stratégie par étape», alors qu’avec l’Egypte, il a suivi une démarche différente en ordonnant la chute de la livre égyptienne d’environ 50% face au dollar américain du jour au lendemain, en novembre 2016. Mais l’objectif atteint est le même, puisque, entre le début du premier prêt (juin 2013) et la dernière revue du FMI (juillet 2017), le dinar tunisien a perdu 49% de sa valeur face au dollar américain, fait remarquer M. Ben Rouine
«De plus, le FMI a récemment changé de modèle mathématique et estime à présent (revue de juillet 2017) que le dinar est surévalué de 16,7%, ce qui équivaut à un taux de change de 1 USD pour 2,87 TND», ajoute l’économiste qui s’interroge en conclusion : «Jusqu’à quand les autorités tunisiennes vont-elles laisser faire?»
I. B.
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