S’il n’est pas totalement noir, le tableau de l’économie tunisienne n’est pas rose, non plus, et les chiffres officiels sont là pour le prouver.
Par Ezzeddine Saidane *
Je voudrais vous présenter quelques chiffres officiels, et rien que des chiffres officiels:
1- Le taux de croissance économique réalisée au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre de cette année 2017 a été de 0,1%. Oui je dis bien 0,1% (source dernier communiqué de l’Institut national de la statistique, INS);
2- Le déficit de la balance commerciale a dépassé les 10 milliards de dinars tunisiens (10,068) au terme des huit premiers mois de l’année, soit une aggravation de plus de 22% par rapport à la même période de 2016;
3- le déficit de la balance des paiements courants a atteint 6,6% du PIB au terme des huit premiers mois de l’année (5,8% pendant la même période en 2016). À ce rythme il devrait atteindre 10% du PIB à la fin de l’année. Un record absolu pour la Tunisie. La norme maximum admise au niveau international est de 3%! Si vous voulez savoir pourquoi la dette extérieure de la Tunisie atteint des niveaux dangereux, en voici l’explication (le niveau du déficit courant);
4- les réserves de change de la Tunisie baissent encore gravement malgré les multiples crédits extérieurs (et intérieurs en euros) obtenus récemment. Nous sommes à 95 jours d’importation. Nous nous approchons de nouveau de la ligne rouge de 90 jours;
5- la planche à billets se déchaîne de nouveau et le refinancement des banques par la Banque centrale de Tunisie (BCT) atteint un nouveau record: 10,543 milliards de dinars le 5 octobre 2017.
Je suis souvent accusé de présenter un tableau noir. Malgré tous ces indicateurs (chiffres officiels), certains nous présentent un tableau rose en prétendant indûment (chiffres relatifs aux investissements directs étrangers, au tourisme, aux phosphates, etc. exprimés en dinars au lieu d’être exprimés en devises pour tenir compte de la baisse de la monnaie nationale) que la situation s’améliore et que la reprise de l’économie est là devant nous.
Si nous refusons de voir notre réalité en face, nous ne pourrions jamais faire le vrai diagnostic et engager de manière RESPONSABLE le vrai sauvetage de notre économie, et par conséquent de notre expérience de transition démocratique.
À bon entendeur salut !
* Expert financier, directeur général de Directway Consulting.
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