La situation ne cesse de se détériorer partout dans la bande de Gaza et de plus en plus d’enfants dont des bébés meurent de faim et cela concerne l’ensemble du territoire de l’enclave palestinienne aussi bien le nord que le sud. Face à cette catastrophe qui ne cesse de prendre de l’ampleur le monde regarde et laisse Israël poursuivre son siège génocidaire de la bande de Gaza car le génocide s’opère à la fois par les bombes mais aussi par la faim. (Illustration : Yazan Kafarnah meurt de malnutrition à Rafah, Gaza (Ph. Wafa).
Par Imed Bahri
L’hôpital Kamal Adwan, situé dans le nord de la bande de Gaza où la situation est très critique, a annoncé dimanche 3 mars que 15 enfants étaient décédés des suites de malnutrition et de déshydratation et que 6 autres enfants étaient en soins intensifs. La situation est encore plus compliquée et critique dans le nord.
Lundi 4 mars, les autorités médicales dans la bande de Gaza ont annoncé que le nombre d’enfants décédés en raison de la malnutrition et du manque de traitement s’est élevé à 16 après le décès de l’enfant Yazan Al-Kafarneh à l’hôpital Abu Youssef Al-Najjar à Rafah (sud-ouest). À la suite de la guerre israélienne et de la grave pénurie de nourriture, l’enfant palestinien qui a dix ans est décédé après avoir été hospitalisé pendant dix jours. Il souffrait d’un problème de déglutition et de digestion remontant à sa naissance à cause duquel il ne pouvait manger que des aliments en purée comme des bananes et des œufs.
«Il a perdu du poids jusqu’à devenir un squelette»
À l’hôpital Abu Youssef Al-Najjar, la mère de l’enfant décédé était allongée sur le sol, les larmes coulant de ses yeux et profondément triste suite à la perte de son enfant. Elle a déclaré: «Durant ces jours, son état de santé s’est détérioré et il a perdu du poids jusqu’à devenir un squelette. Yazan est désormais un oiseau au paradis mais je ne m’attendais pas à ce que la situation atteigne ce stade. La nourriture de Yazan n’est pas disponible, elle se base sur des aliments en purée ce qui est devenu difficile à obtenir à cause de la guerre et du siège. Mon message au monde est de jeter un regard sur la réalité de Gaza et de ses enfants et de voir comment nos vies ont changé.»
Il est à noter que la famille Al-Kafarna a été déplacée du nord de la bande de Gaza comme plus d’un million de Gazaouis après les avertissements israéliens et elle a été contrainte de se diriger vers la ville de Rafah dans le sud de la bande de Gaza toutefois la guerre et la famine n’épargnent aucune parcelle du territoire palestinien.
Pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments
L’agence de presse palestinienne Wafa a également rapporté le cas du bébé Heba Ziyada, toute petite fille palestinienne qui est décédée à l’hôpital Kamal Adwan dans le nord de Gaza en raison de la déshydratation et de la malnutrition. Malgré les efforts de sa famille pour lui fournir du lait, malheureusement, il est arrivé trop tard pour lui sauver sa vie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti lundi que des enfants mouraient de faim dans les deux hôpitaux du nord de Gaza visités par sa mission ce week-end observant une grave pénurie de nourriture, de carburant et de médicaments. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que les deux visites effectuées par l’agence ce week-end aux hôpitaux d’Al Awda et de Kamal Adwan «étaient les premières depuis octobre 2023 malgré nos efforts pour atteindre le nord de Gaza plus régulièrement». Tedros a qualifié dans la plateforme X que la situation est sombre et que dans l’hôpital Al-Awda elle était atroce étant donné que l’un des bâtiments a été détruit. Quant à l’hôpital Kamal Adwan, le seul doté d’un service pour enfants dans le nord de Gaza, il est bondé de patients.
Gaza a besoin de 500 camions d’aide par jour
Que fait le monde et que font les États-Unis? Rien. La communauté internationale s’est résolue au siège israélien et fait semblant de réagir en larguant des aides alimentaires très dérisoire par voie aérienne. Cela relève plus du sensationnel et de la Com’ que de l’aide efficace. Un avion qui largue de l’aide c’est l’équivalent de seulement deux camions et cela coûte dix à quinze fois plus cher sachant que la bande de Gaza a besoin d’au moins 500 camions d’aide par jour.
L’inefficacité du largage des aides par voie aérienne présente un autre problème c’est qu’au-delà de son insuffisance, cette aide a du mal à parvenir à ses destinataires. La semaine dernière, une aide larguée est tombée dans la mer, une autre a été atterri dans des endroits inaccessibles. Sans parler qu’une fois à terre, cette aide créé des émeutes et seuls les plus forts arrachent leurs parts.
Avec la catastrophe humanitaire à Gaza et pour atténuer les critiques, les États-Unis se sont mis à leur tour à «la solution» des aides larguées au lieu d’obliger Israël à ouvrir les passages terrestres. Par ces gesticulations pseudo-humanitaires, les États-Unis veulent jouer aux gentils et faire croire qu’ils compatissent à la souffrance des Palestiniens alors qu’ils portent une grande responsabilité dans cette souffrance et qu’ils sont complices dans le génocide perpétré à Gaza par les armes, les bombes et toutes les munitions avec lesquelles ils n’ont pas arrêté de gaver Israël mais aussi avec les aides financières faramineuses et la couverture diplomatique qu’ils assurent à l’entité génocidaire en rejetant automatiquement le cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations unies et en combattant même côte à côte avec l’armée israélienne à Gaza comme l’a révélé, dans son ultime appel téléphonique à son ami quelques heures seulement avant de s’immoler par le feu, le militaire américain Aaron Bushnell qui travaillait dans les renseignement de l’armée de l’air américaine et avait accès aux documents confidentiels, épisode sur lequel nous sommes revenus dans l’article «Révélation: Des militaires américains combattent dans les tunnels de Gaza».
Cette fausse solution des aides larguées qui est une goûte d’eau dans un océan est surtout une «trouvaille» de mauvais goût pour les pays qui s’y adonnent pour dire à leurs opinions publiques respectives «Voilà on fait quelque chose!». En bon tunisien, on dirait «tenhit mlèm», une manière de parer aux reproches. La seule chose qui force le respect c’est la résilience des Gazaouis qui, en dépit du génocide israélien opéré par les armes en grande partie américaines, par la famine, la soif et les épidémies demeurent attachés à leur terre et refusent le déplacement forcé. Toute la cruauté israélienne et toute la lâcheté de la communauté internationale n’ont pas pu avoir raison de la force et du courage des Palestiniens.
Donnez votre avis