C’est le monde à l’envers avec Joe Biden. Le président américain considère que la balle est dans le camp du Hamas et non d’Israël qui poursuit cette guerre sanglante et interminable dans la bande de Gaza. Et pour la situation humanitaire catastrophique, son idée de port flottant attire beaucoup de critiques et vise surtout à enfoncer le dernier clou dans le cercueil de l’UNRWA. Décryptage. (Illustration : enfants palestiniens à Gaza attendant l’aide. Ph. UNRWA)
Par Imed Bahri
Biden a profité du discours annuel sur l’état de l’Union prononcé devant le Congrès jeudi 7 mars 2024 pour souligner le soutien total et inconditionnel de son administration à Israël et à son droit de poursuivre le Hamas. Il a également noté que «le Hamas peut mettre fin à ce conflit aujourd’hui en libérant les otages, en déposant les armes et en livrant les responsables du 7 octobre.» Pour lui, ce n’est donc ni à Israël d’arrêter son génocide qui s’éternise depuis plus de cinq mois ni lui qui doit cesser de gaver Israël d’armes et de lui offrir le parapluie diplomatique pour poursuivre sa guerre sanglante.
Lors du même discours, le président américain avait également annoncé que l’armée américaine allait créer un port flottant au large de Gaza pour faire parvenir l’aide aux Palestiniens de Gaza au bord de la famine. La décision a essuyé beaucoup de critiques et ce à plus d’un titre.
Des alternatives saugrenues
Jeremy Konyndyk, ancien haut responsable humanitaire de l’administration Biden qui travaille actuellement comme président de Refugees International, a déclaré dans les colonnes du Guardian qui a analysé et décortiqué l’idée du président américain: «Et après?» rappelant que les déplacés ne se concentrent pas dans les zones côtières. Il poursuit son raisonnement en mettant l’accent sur la logistique: «Qui distribuera l’aide?», notant qu’«il n’y a presque aucune organisation humanitaire dans le nord de Gaza parce que les Israéliens ont demandé à tout le monde de partir et depuis lors, ils restreignent l’entrée dans le nord.»
Konyndyk estime que le couloir maritime pour l’aide «ne résoudra pas le problème de l’intervention israélienne et au lieu que le problème soit situé au point d’entrée, il se situera désormais au stade de la distribution», ajoutant qu’il n’y a pas de système de distribution, pas de chauffeurs ou de camions. «À court terme, le plan pourrait aboutir à ce que seulement les communautés proches du rivage se répartissent l’aide entre elles. La distribution ne nécessite pas de camions ni de chauffeurs mais plutôt une certaine forme de sécurité car le désespoir a atteint son paroxysme et les pillages se sont répandus», explique-t-il.
D’autres critiques considèrent qu’au lieu de faire pression sur les Israéliens pour ouvrir les passages terrestres où des milliers de tonnes attendent d’être acheminées vers la bande de Gaza comme à Rafah (côté égyptien de la frontière), les Américains et la communauté internationale baissent les bras face aux Israéliens et se résignent face à l’entêtement de l’Etat hébreu de ne pas permettre aux aides d’être acheminées par voie terrestre et de se contraindre à aller chercher des alternatives saugrenues comme le largage par voie aérienne ou maintenant ce port flottant au large de Gaza.
Laisser mourir l’UNRWA
Cependant le plus grave avec cette «trouvaille» d’aides acheminées par un port ou un quai flottant c’est qu’elle est pernicieuse car elle permet aux Américains de faire croire qu’ils font quelque chose à la population civile palestinienne victime de famine alors qu’en réalité ça permet de cacher leur véritable jeu qui sert les Israéliens qui consiste à laisser mourir l’UNRWA.
Tout sauf l’UNRWA pour les Américains qui bien que leurs services de renseignement ont indiqué que les allégations israéliennes concernant 12 employés de l’agence onusiennes ne sont pas fiables (Les renseignements américains remettent en cause les allégations israéliennes concernant l’UNRWA) , les États-Unis ne l’ont pas de nouveau financé et continuent de lui couper les vivres, c’est ce qui a d’ailleurs accentué la famine à Gaza.
Par conséquent, les Américains sont responsables de cette famine en prenant une décision désastreuse basée sur les mensonges israéliens et même s’ils savent maintenant que c’est un mensonge, ils poursuivent sur la même lancée.
Aucune partie ne peut remplacer l’UNRWA qui depuis 1948 s’occupe de l’acheminement et de la distribution des denrées vitales.
Toutes les idées tirées par les cheveux de largage ou de port flottant ne peuvent remplacer une agence professionnelle qui remplit correctement sa mission depuis 76 ans.
«Le tout sauf l’UNRWA» validé par les Occidentaux, États-Unis en tête, fait plaisir à Israël qui veut la fin de l’agence onusienne pour rendre la vie impossible aux Palestiniens mais nulle partie ne peut remplacer le rôle de l’UNRWA et sûrement pas ces idées de circonstance qui sur le plan pratique présentent plus de problèmes que de solutions.
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