Que peut tirer la Tunisie d’un partenariat stratégique avec la Chine ?

Compte tenu de la position stratégique de la Tunisie et du prix qu’elle pourrait payer avec ses partenaires traditionnels américains et européens du fait de ce rapprochement stratégique avec la Chine que certains pourraient prendre pour une volte-face, la Tunisie devrait être en mesure de s’attendre à un effort conséquent de la part de la Chine. (Illustration : Le président Xi Jinping accueillant son homologue tunisien Kaïs Saïed en visite d’Etat cette semaine en Chine pour sceller un partenariat stratégique entre les deux pays).

Elyes Kasri

Un partenariat stratégique avec la Chine, censé constituer un tournant dans les relations et la coopération internationales de la Tunisie pourrait, outre les mécanismes bilatéraux de consultations périodiques politiques et gouvernementales dans tous les domaines d’intérêt, convenir d’objectifs quantitatifs sur une période déterminée, probablement 5 ans compte tenu de la situation actuelle de la Tunisie, à savoir entre autres:

1- des investissements chinois de l’ordre de 3 milliards de dollars US, en ciblant des secteurs prioritaires comme l’automobile, l’électronique et la construction navale;

2- des prêts concessionnels et des dons pour des projets d’infrastructure de l’ordre de 5 milliards de dollars US;

3- la mise en place d’un programme de mise à niveau du transport aérien et de l’infrastructure hôtelière pour permettre à la Tunisie de pouvoir accueillir 1 million de touristes chinois par an;

4- la mise en place d’un mégapole universitaire (enseignement et recherche scientifique) et de formation professionnelle à dimension régionale (Afrique du nord, centrale et de l’ouest).

L’Union Européenne a fait plus que cela pour les nouveaux pays membres notamment d’Europe centrale et de l’est.

Compte tenu de la position stratégique de la Tunisie et du prix qu’elle pourrait payer avec ses partenaires traditionnels américains et européens du fait de ce rapprochement stratégique avec la Chine que certains pourraient prendre pour une volte-face, la Tunisie devrait être en mesure de s’attendre à un effort conséquent de la part de la Chine.

Les déclarations politiques chaleureuses sont certes un acquis mais peuvent s’avérer insuffisantes dans la durée et nous laisser entre deux chaises si elles ne sont pas accompagnées par des objectifs tangibles et un échéancier crédible de mise en œuvre.

* Ancien ambassadeur.