Tunisie : Kaïs Saïed peaufine son projet politique

Kaïs Saïed veille personnellement à la mise en œuvre de ses promesses électorales en perspective du second mandat qu’il sollicite à la faveur de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain.

Imed Bahri

«Seul le peuple tunisien est habilité à déterminer ses choix dans le plein respect de la loi. Il a ouvert une nouvelle page de l’histoire, et n’acceptera jamais de revenir en arrière», a déclaré le président de la république Kaïs Saïed lors de sa réunion, jeudi 22 août 2024, au Palais de Carthage, avec le chef du gouvernement, Kamel Maddouri. Et l’«arrière» auquel le chef de l’Etat fait allusion dans sa déclaration d’hier c’est, on l’a compris, le régime qui était en place avant le 25 juillet 2021, date de la proclamation de l’état d’exception en vertu de laquelle le locataire du Palais de Carthage a mis en place son projet politique, celui d’une refonte complète du système politique, avec une nouvelle constitution, promulguée en 2022, et un régime hyper-présidentiel où le rôle du chef du gouvernement se limite à la mise en œuvre des politiques décidées par le chef de l’Etat.

Un nouveau système politique

Dans le cadre de ce nouveau système, le parlement, dont les pouvoirs et les missions ont été clairement rognés, devient bicaméral, avec une Assemblée des représentants du peuple et un Conseil national des régions et des districts, tous deux élus successivement en 2022 et 2023, et dont les champs d’action et les relations restent à délimiter.

C’est, d’ailleurs, cette question que le président de la république a évoqué hier avec le chef du gouvernement, et qui, selon le communiqué de la présidence de la république, fera l’objet d’un projet de loi qui sera bientôt présenté au conseil des ministres pour délibération dans les plus brefs délais. Ce projet de loi sera, probablement, proposé par Saïed, discuté puis adopté par le gouvernement avant d’être soumis à l’examen des deux chambres parlementaires déjà en place, Lesquelles, on l’imagine, l’adopteront, elles aussi, sans coup férir.

Par la même occasion, le chef de l’État a réaffirmé que la dignité nationale n’est pas un simple slogan et qu’elle est liée à la souveraineté de l’État tunisien. «La Tunisie, qui refuse d’interférer dans les affaires des autres, ne tolère aucune ingérence dans ses affaires internes», a lancé Saïed, réitérant ainsi une position qui lui est chère et déjà exprimée à maintes reprises auparavant.

Une nouvelle politique sociale

Autre sujet discuté avec le Premier ministre : un projet d’amendement du Code du travail visant à mettre fin à la sous-traitance et aux contrats à durée déterminée, pratiques courantes dans les secteurs aussi bien privé que public depuis les années 1970, ainsi que la régularisation de la situation des travailleurs de chantiers, système d’emploi précaire mis en place par l’Etat dans les années 1990 pour atténuer les effets négatifs du chômage.

Cela dit, on attend toujours les explications de la ministre des Finances sur le coût budgétaire de telles décisions auxquelles le président de la république accorde une très grande importance. En veillant personnellement à leur mise en œuvre, il cherche à prouver qu’elles ne sont pas de simples promesses électorales en perspective du second mandat qu’il sollicite à la faveur de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain.