Une campagne a été lancée hier, lundi 27 août 2018, sur le net pour soutenir Neji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens, (SNJT), pris à partie et menacé sur les réseaux sociaux par des partisans du parti islamiste Ennahdha.
Les détracteurs du président du SNJT l’ont notamment traité de mécréant (qui, dans leur bouche, équivaut à un appel au meurtre) et appelé à lui infliger une correction, lui reprochant d’avoir publié, dimanche 26 août 2018, un statut Facebook, dans lequel il a indiqué que «le conseil de la Choura d’Ennahdha ne diffère pas de celui de l’organisation terroriste de l’Etat islamique Daech».
«Qu’on nous ne parle pas d’un parti moderniste», a-t-il ajouté, en réaction au rejet par le conseil de la choura de la proposition de la Commission des libertés individuelles individuelles et de l’égalité (Colibe) relative à l’égalité successorale entre l’homme et la femme, estimant qu’elle est contraire à la charia, la loi islamique. Une position que n’aurait pas renié Abou Bakr Al-Baghdadi, l’émir de Daech, estime Néji Bghouri.
Des médias ont repris cette réflexion et les islamistes n’ont pas tardé à attaquer le président du syndicat des journalistes, lui réservant des qualificatifs vulgaires et grossiers qu’on se garderait de reproduire. Le fait qu’il ait récemment défendu les membres de la Colibe, eux aussi ciblés par les attaques islamistes, lui a valu d’être accusé de s’attaquer l’islam et à ses lois.
Ne reculant devant aucune énormité, ces derniers ont qualifié Néji Bghouri d’«homosexuel», ce qui dans leur bouche sonne comme une insulte, et autres accusations du même acabit.
Le président du SNJT, qui est habitué aux agressions verbales des islamistes, a répondu, hier soir, par un autre statut sur son compte Facebook : «Où sont passés les milliers de partisans d’Ansar Charia, qui avaient, en 2012, célébré le congrès de cette organisation terroriste (à Kairouan, Ndlr)? Où sont passés ceux qui ont attaqué l’ambassade des Etats-unis, ceux revenus des zones de conflits qui ont torturé et tué au nom de dieu? Je vous réponds : Je les ai croisés, hier; ils sont sortis de leurs cachettes, pour insulter, attaquer et menacer pour un simple avis émis dans un post sur Facebook. Ils sont là et attaquent à la demande», a-t-il écrit. Et de conclure : «Le meurtre de Belaïd et Brahmi est un crime toujours recommencé…», laissant entendre que les islamistes, toutes tendances confondues, malgré leur prétendue évolution, continuent de représenter une menace à la liberté d’expression.
Y. N.
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