Firas Belarbi et Ayman Ben Mohamed, meilleurs joueurs de leurs équipes hier en Ligue des champions.
Dans des tournois comme la Ligue des champions, le résultat prime avant la manière. L’Etoile sportive du Sahel (ESS) et l’Espérance sportive de Tunis (EST) n’ont pas impressionné en phase de groupes, mais ils ont réussi l’essentiel, en ce début de saison où ils sont, pourtant, contraints à des réglages en plein tournoi.
Par Hassen Mzoughi
L’ESS, 1-1 avec Zesco, et l’EST, 0-0 avec Township, ont ramené chacun un point de leur déplacement hier mardi 28 août 2018, respectivement en Zambie et au Botswana, à l’issue de la dernière journée de la phase de groupe de la Ligue des champions 2018.
Qualifiés avant terme pour les quarts de finale de la 28e édition de l’épreuve majeure africaine, l’ESS et l’EST ont terminé respectivement premier et second de leur groupe.
Objectif atteint pour les deux représentants tunisiens qui vont disputer les quarts de finale aller le weekend des 14, 15 et 16 septembre (retour le weekend des 21, 22 et 23 septembre). L’ESS jouera l’aller à l’extérieur et l’EST à domicile. Le tirage au sort de ce tour aura lieu le 3 septembre prochain au Caire.
Meilleure attaque de la phase de groupes
L’Etoile du Sahel se déplaçait en Zambie, sans autre enjeu que celui de rester invaincu. Il l’a fait. Et c’est déjà un bon motif de confiance. Dominés par Zesco au cours de la première période, qu’ils ont terminée avec un retard d’un but, encaissé à la 8e minute, les Etoilés se sont bien repris en seconde période pour égaliser par Rami Bedoui (70e) de la tête, sur un coup de pied arrêté bien exécuté par Firas Belarbi, et finir leaders de leur poule D, avec 12 points au compteur (devant Primero Di Augusto second qualifié), ainsi que la meilleure attaque de la phase de groupe avec Mazembe (10 buts), adversaire probable de l’EST en quarts.
Chiheb Ellili a aligné son équipe habituelle, à deux éléments près, à savoir Makram Bdiri dans les buts, relevé par Achraf Krir pour blessure (fracture de la mâchoire et repos pendant 15 jours), et Saddam Ben Aziza à l’axe central à la place d’Ammar Jemal laissé au repos à Sousse. Mais l’Etoile a encore une fois affiché un double visage.
Gardien de but : poste problématique
Les éléments nouveaux ont apporté de la valeur ajoutée que tout le monde attendait à Sousse. Firas Belarbi, Karim Aouadhi ou encore Maher Hannachi arrivés cet été ont déjà mis leur empreinte. Avec ces joueurs de qualité et d’autres du cru, l’Etoile montre toutefois un visage mitigé, un peu en dedans en première période, flamboyant lors de la seconde, comme hier face à Zesco. Ce n’est donc pas encore le grand rythme mais l’équipe peut progresser avec plus de matches, de stabilité de l’effectif ainsi que le retour en forme souhaité de Ben Amor. Le milieu international de l’ESS sera d’un important impact dans le jeu de son équipe, ensemble avec le relayeur Iheb Msakni qui semble revenir en force après une saison transparente.
Reste un poste qui nous paraît problématique : celui de gardien de but. Achraf Krir, qui a mal fini la saison passée, et le nouveau venu Makram Bdiri sont en ballotage. L’ESS a-t-elle raté la bonne opportunité cet été de récupérer Aymen Mathlouthi ? Beaucoup répondent par l’affirmative car le gardien international, transféré en juillet au Club Africain, aurait été d’un apport certain à l’ESS, en cette phase de remise à niveau.
L’Etoile gagnera à trouver la stabilisation suffisante afin de bien négocier les prochains grands rendez-vous, à commencer les quarts de finale qui pourraient l’opposer aux Guinéens de Horoya, aux Algériens de l’Entente de Sétif ou alors à l’EST.
L’Espérance seconde meilleure défense du groupe
L’autre représentant tunisien a terminé la phase de poules comme prévu à la seconde place, avec 11 points, derrière Al Ahly (13 points) qui a fait le show, hier, à domicile, devant Kampala City (4-3) et fini très fort avec 4 succès consécutifs en phase de groupe.
L’Espérance pourrait affronter le Wydad Casablanca, TP Mazembe ou peut être l’Etoile. Pour rappel, les équipes classées à la deuxième place de chaque groupe joueront le match aller des quarts de finale sur leur terrain.
En attendant le tirage au sort des quarts, lundi 3 septembre, Khaled Ben Yahia a aligné, hier, une formation remaniée avec notamment Rami Jeridi dans les buts pour une première officielle depuis son arrivée cet été au Parc Hassan Belkhoja, Amine Meskini, Maher Bessghaier, Aymen Ben Mohamed ou encore Aymen Mahmoud.
Malgré de meilleures occasions, surtout sur la fin du match, les «Sang et Or» sont restés muets face à un adversaire déjà éliminé et qui était à prendre. C’est justement là qu’il faut chercher la véritable lacune de l’équipe. Un peu trop focalisés sur la défense, surtout après le choc de la défaite l’année dernière en quart de finale de la Ligue des champions devant Al Ahly, on ne s’aperçoit pas que la vraie solution se trouve à l’entrejeu. Ben Yahia le sait…
Si l’on regarde bien, l’arrière-garde de l’EST, tant décriée, ne s’est pas mal comportée en cette phase de groupes. Les «Sang et or» ont la seconde meilleure défense des 8 qualifiés aux quarts, avec l’ESS et de Mazembe (4 buts encaissés en 6 matches), derrière le Wydad (2 buts concédés) mais devant Al Ahly (5 buts).
Blaili serait-il le play-maker recherché ?
Dans le jeu de l’EST, traditionnellement porté vers l’avant, le poste de play-maker reste entièrement posé depuis le départ, en 2012, d’Oussama Darragi, dernier dépositaire – après les Tarak Dhiab, Ayadi Hamrouni, Maher Kanzari et Skander Souayah – de ce rôle combien primordial dans une équipe technique comme l’Espérance. Et malgré le retour de Darragi en 2013, le poste de créateur n’a jamais été convenablement pourvu. C’est donc un vrai grand souci, plus que les gaffes défensives généralement propres aux équipes optant pour l’offensive. C’est justement l’anneau manquant !
La meilleure défense étant l’attaque, l’EST gagnera à consolider son compartiment offensif pour redevenir efficace même sur le plan défensif. La solution serait-elle Wael Belarbi ou Mohamed Ali Ben Romdhane qui ne peuvent hélas disputer la Ligue des champions actuelle ? Ghailen Chaalali et Mohamed Ali Moncer n’ont pas le profil pour tenir ce rôle de relayeur, tandis qu’Anis Ben Hatira n’a pas su convaincre ni Benzarti ni encore Ben Yahia. Reste donc le seul Saad Bguir mais ce joueur est devenu fragile.
Alors Youcef Belaili, joueur très technique, vif, collectif, ayant une intelligence de jeu certaine, pourrait-il devenir le play-maker tant attendu à l’EST? Son rôle à l’aile est très utile mais les ailiers sont là, nombreux : Adem Rejaibi, Bilel Mejri, Maher Besghaier, Anis Badri voire Haythem Jouini. Blaili s’en est bien sorti lorsqu’il évoluait dans son ancien club, l’Union d’Alger. Pourquoi pas à l’EST? Pourquoi aussi ne pas doubler le poste d’avant-centre pour avoir une solution supplémentaire à Taha Yassine Khenissi, un joueur «fatigué» par les blessures.
La solution Blaili pourrait apporter une grosse plus value au jeu de l’EST notamment sur le plan tactique en mettant beaucoup plus la pression sur les adversaires et en allégeant le poids des matches sur le secteur défensif, qui marque de plus en plus le pas, à commencer par les récupérateurs, Coulibaly et Kom, il est vrai un peu «épuisés».
L’Espérance tentera de consolider son potentiel humain pour relever les défis africains, locaux et arabe, en attendent de tirer parti des nouveaux éléments au mois de janvier, avec l’engagement de l’équipe en Ligue des champions 2019.
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