L’Association tunisienne de prévention positive (ATP+) est indignée par les propos «fortement discriminants» et «qui vont complètement à l’encontre des fondamentaux des droits de l’Homme énoncés dans notre constitution», attribués à Rahma Rachdi, biologiste fonctionnaire de la santé publique.
Dans ses propos diffusés le 1er septembre 2018 sur certains réseaux sociaux, Mme Rachdi se dit soucieuse «de la santé de notre peuple et de nos enfants» et appelle à instaurer un «certificat d’aptitude avec bilan sanguin (sérologique)» au personnel du marché «(poissonnier, boucher …)», justifiant cet appel par le fait qu’elle a remarqué «l’embauche de beaucoup d’Africaines».
L’ATP+ rappelle, dans un communiqué diffusé aujourd’hui, lundi 3 septembre 2018, «le droit de toutes personnes à la vie, à la dignité, à la non-discrimination, au voyage et l’immigration, au travail, à l’accès aux soins et à l’éducation, quels que soient leurs origines, ethnies, races, couleurs, genres et maladies dont elles sont affectées.»
Tout en précisant que les affections citées dans les propos de Mme Rachdi sont «des maladies transmissibles et non contagieuses» et que «le respect des précautions universelles d’hygiène appliquées aux produits alimentaires, est largement suffisant pour empêcher leur transmission», ATP+ fait remarquer que «les professionnels de santé connaissent très bien que le dépistage sérologique des maladies est basé sur certains principes universels dont le consentement (dépistage volontaire), la confidentialité et les conseils». Pour conclure qu’«il est immoral et illégal de soumettre une personne à un test de dépistage à son insu ou da façon coercitive.»
«Par ailleurs, le code du travail en Tunisie stipule que l’examen médical d’aptitude à l’emploi est effectué gratuitement par le médecin du travail. Cet examen comporte le cas échéant les examens cliniques, radioscopiques et le laboratoire (Article 62) qui n’inclut pas la sérologie VIH et des hépatites», rappelle encore l’association, en ajoutant : «En aucun cas, il est mentionné que ces examens sont imposés, doivent être pratiqués à l’insu de la personne et de manière coercitive et discriminante. Le consentement et la communication des résultats dans le respect du secret médical sont parmi les droits fondamentaux.»
ATP+ estime, par ailleurs, que «les propos discriminants, ségrégatifs et inadmissibles sont à bannir dans un pays où la constitution réserve à toutes les personnes, sans aucune distinction, le droit au travail dans le respect de la dignité et en dehors de toute discrimination, dans le respect de la législation en vigueur.»
Enfin, l’association appelle à plus de modération, prudence et retenue sur les réseaux sociaux et à résoudre les problèmes de santé et de prévention à travers une approche scientifique et dans le respect des droits humains, tout en demandant aussi aux autorités concernées de réagir officiellement à ces propos.
I. B.
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