À 34 ans, Zohran Mamdani a été élu maire de New York. Il a réussi la prouesse de devenir l’édile de l’une des villes les plus importantes du monde malgré les guerres que lui ont livrées à la fois le lobby sioniste qui ne veut pas d’un musulman pro-palestinien à la tête de la ville qu’il considère comme sa chasse gardée mais aussi les forces de l’argent qui ne veulent pas d’un socialiste à la tête de la première place financière mondiale. Mieux encore, il a remporté 57% des voix à Brooklyn, le fief historique de la communauté juive. Il entrera en fonction le 1er janvier. En même temps, il ne faut pas s’exciter car New York, ville cosmopolite, progressiste et très ouverte sur le monde, n’est pas le miroir des États-Unis. L’Amérique profonde et le sud demeurent profondément trumpistes. Il serait précipité et complètement biaisé d’enterrer l’Amérique Maga.
Imed Bahri
Katy Balls, spécialiste des affaires américaines au sein du journal britannique The Times, a analysé la polarisation politique croissante aux États-Unis suite à l’élection de Zahran Mamdani à la mairie de New York, affirmant que le pays est au bord d’une confrontation politique majeure entre le président Donald Trump et le jeune leader démocrate surtout en l’absence d’un leadership officiel à la tête de l’opposition démocrate.
M. Mamdani, socialiste revendiqué et qui se présente comme tel, s’est imposé comme une figure montante du Parti démocrate et est en passe de devenir l’un de ses membres les plus influents, ce qui est une aubaine car actuellement le parti continue de panser ses plaies et ne s’est pas encore remis de la cuisante défaite infligée par Donald Trump en novembre 2024. Cette victoire renforce également l’aile gauche du parti en l’occurrence le mouvement Socialistes démocrates d’Amérique (Democratic Socialists of America) auquel appartient Mamdani et dont la principale figure de proue jusque-là était le sénateur du Vermont Bernie Sanders qui n’a d’ailleurs épargné aucun effort aussi bien par ses conseils que par l’assistance logistique lors de la campagne électorale new-yorkaise.
Deux hommes aux antipodes
Les origines modestes de Mamdani et son expérience antérieure de consultant en logement lui confèrent une image proche des citoyens ordinaires, estime Balls. Elle ajoute que le contraste entre les deux hommes est saisissant. Trump est un homme d’affaires new-yorkais chevronné qui a toujours vécu dans l’opulence, tandis que Mamdani représente un modèle progressiste promettant de geler les loyers, de soutenir le logement social et d’imposer les plus riches et les entreprises à New York.
Le Times expliquait que Mamdani avait exploité le conflit, se présentant comme l’ennemi public numéro un de Trump et attaquant son rival, Andrew Cuomo, qu’il accusait de fréquenter le même réseau de donateurs que Trump.
Le journal note que Trump, à son tour, avait attaqué Mamdani, le qualifiant de «communiste» et d’«antisémite», tandis que les médias de droite lançaient des campagnes similaires, présentant l’arrivée au pouvoir du premier maire musulman d’origine sud-asiatique comme une menace pour les valeurs américaines mais aussi une occasion de mobiliser la base Maga.
Le journal a noté que les démocrates s’attendent à ce que Mamdani devienne la figure de proue de l’opposition, au moment même où l’équipe Trump tente de de présenter la confrontation comme une défense de New York, ville natale du président et symbole de sa gloire passée.
Le Times indique que les premiers points de désaccord ont porté sur les dépenses, l’immigration et la sécurité, domaines dans lesquels Mamdani défend des politiques progressistes, notamment l’augmentation des impôts pour les New-Yorkais les plus riches et les entreprises, l’expansion du logement social et le gel des loyers.
Mamdani s’oppose également aux campagnes de l’administration contre les migrants et a promis de renforcer la protection des «villes sanctuaires» (ce sont les villes avec une municipalité qui limite sa coopération avec les autorités fédérales de l’immigration pour protéger les immigrés en situation irrégulière en leur donnant accès aux services municipaux sans crainte de dénonciation) et de mettre fin à la coopération avec l’Immigration and Customs Enforcement (ICE). En réponse, Trump a menacé de couper les fonds fédéraux alloués à la ville.
En même temps, Mamdani s’est dit prêt à coopérer sous certaines conditions. Il s’est même adressé directement à Trump sur Fox News, insistant sur son engagement à réduire le coût de la vie et à nouer des partenariats à Washington. Cependant, le président a répliqué depuis sa tribune en menaçant de nouveau de retirer son soutien, déclarant que «la ville ne peut pas prospérer sous une direction communiste».
Balls explique que New York reçoit environ 8 milliards de dollars par an du gouvernement fédéral, ce qui confère un poids considérable aux menaces de Trump et pourrait engendrer de longues batailles juridiques, compte tenu des divergences d’opinions quant à l’étendue des pouvoirs du président sur le financement de la ville.
Polarisation politique sans précédent
Le scénario le plus dangereux, selon le Times, serait le déploiement de forces militaires par Trump à New York, comme il l’a fait dans d’autres villes telles que Chicago et Los Angeles, un défi auquel Mamdani devrait être prêt à faire face.
Toutes ces pressions mèneraient à une bataille politique et juridique autour des priorités financières et sociales de la ville de New York, avec des répercussions potentielles sur l’ensemble du paysage politique américain.
Aujourd’hui et plus que jamais, le Parti démocrate connaît un virage très à gauche et le Parti républicain connaît un virage très marqué à droite. Les États-Unis vivent une polarisation politique sans précédent qui n’est pas saine pour le débat public et qui rend la situation très tendue. De plus, Donald Trump, en dépit de son âge et des marques de sénilité apparentes, demeure très en forme pour la castagne politicienne, les joutes verbales et surtout les écarts de langage et les menaces. La démocratie américaine souffre de moult pathologies mais le spectacle promet car avec Trump, the show must go on…



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