Dans un communiqué de presse rendu public hier, lundi 3 décembre 2018, le Réseau tunisien de la pêche artisanale durable (RTPAD) déplore la décision de l’administration des pêches d’arrêter l’application certaine disposition de la loi règlementant la pêche au chalut.
Ce réseau, rappelons-le, est formé d’associations de pêcheurs artisans et son siège est au port de Zarzis, dans le sud-est tunisien. Nous reproduisons ci-dessous son communiqué en question.
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«Le RTPAD condamne les décisions prises par l’administration et l’UTAP (syndicat de l’agriculture et de la pêche) publié le 28 novembre 2018 concernant le gel de certaine disposition de la loi régissant le secteur de la pêche, en particulier les mesures de protection du golfe de Gabès et l’organisation de l’activité des chalutiers.
Le golfe de Gabès, qui longe la côte sud de la République tunisienne au sud de la ligne passant par Ras Kaboudia (Mahdia), est l’une des régions les plus riches de la Méditerranée en termes de biodiversité et d’abondance de la production de poisson. Il s’agit de la zone de pêche la plus importante de Tunisie et de l’une des zones de pêche les plus importantes de la Méditerranée, car ses eaux sont peu profondes sur de vastes distances allant jusqu’à 250 km de la côte à certains endroits pour atteindre une profondeur de 200 m.
Ainsi, le milieu marin fournit les conditions nécessaires à la prolifération et à la croissance de plusieurs espèces marines, en particulier autour des côtes des îles de Kerkennah. Les spécialistes du golfe de Gabès l’appellent donc la pépinière de la Méditerranée.
Avant l’indépendance, le golfe de Gabès était une zone de pêche au profit des petits pêcheurs exerçant des activités de pêche traditionnelles. Au cours de cette période, le législateur a préservé des traditions de cogestion de ses richesses.
Cependant, la période qui a suivi l’indépendance a été caractérisée par la volonté des gouvernements à réaliser une croissance rapide du secteur de la pêche et d’obtenir une production accrue au détriment des autres piliers du développement durable du secteur. L’effort de pêche a augmenté sans que le stock puisse se régénérer, ce qui a entraîné un déséquilibre de l’écosystème marin avec l’émergence et la propagation du phénomène de la pêche illicite.
En réponse aux pressions exercées par les pêcheurs illicites sur la durabilité du secteur de la pêche et au mépris de la loi nationale et des engagements internationaux de l’État tunisien, le RTPAD exprime son attachement aux mesures de protection du golfe de Gabès mentionnées clairement dans la loi n ° 13 de 1994 du 31 janvier 1994 sur la réglementation de l’exercice de la pêche et des lois le complétant . Il exige que ces mesures ne soient pas contourné, en particulier :
– l’obligation d’équiper les chalutiers de balise VMS permettant la surveillance de leurs activités au golfe de Gabès. Et d’activer les dispositions permettant la verbalisation des contenants à partir des informations relatives à la localisation des unités de pêche marines fournies par les balises à travers le système national de suivi et de surveillance des activités des navires de pêche maritimes par satellite;
– l’interdiction du passage des chalutiers dans une zone de protection de la pêche artisanale située à l’ouest de la ligne reliant Ras Bourmada de la région d’Al-Shafar et Ras Al-Raml de la région de Djerba. Ce qui est facile à verbaliser par le dispositif de repérage par satellite VMS;
– l’interdiction de la pêche aux chaluts dans des profondeurs inférieures à 50 mètres dans la région du golfe de Gabès (sud de la Ras Kaboudia), en tenant compte des dispositions prises pour l’organisation de la campagne de pêche à la crevette. Cela inclut la zone de pêche connue par les Italiens sous le nom de «Mamloni».
Les petits pêcheurs suivent, avec une vive préoccupation, les événements et les décisions prises par l’administration certains partis de la syndicale qui ne sont pas inquiets de la durabilité de l’exploitation des ressources halieutiques.
Ils réitèrent leur appel aux acteurs nationaux et internationaux de s’opposer à la campagne organisée visant à détruire les moyens de subsistance de quelque 40.000 familles de la région, ouvrant ainsi la porte à l’accaparement des richesses halieutiques et à la destruction des écosystèmes du golfe de Gabès pour en faire une région déserte incapable de remplir son rôle historique en Méditerranée.
Cette situation est caractérisée par une gestion non participative de nos ressources halieutiques et l’instauration d’une gouvernance autoritaire par les armateurs de la pêche industrielle par le biais d’une organisation qui ne représente pas les intérêts des petits pêcheurs. Le RTPAD appelle tous les pêcheurs tunisiens à :
– renforcer leur nouvelle organisation (RTPAD), soucieuse de préserver votre subsistance face à l’échec de l’administration et à sa collusion avec les saboteurs, propriétaires de bateaux de la pêche illicite;
– communiquer avec le bureau directeur du réseau pour prendre les mesures d’escalade appropriées dans le cas où les chalutiers auront la permission de pratiquer la pêche à des profondeurs inférieures à 50 mètres ou en désactivant le système de surveillance par satellite;
– soulever la question à la justice contre toute partie complice de la perturbation de l’application des lois régissant l’exercice de la pêche.
Le RTPAD recommande le renforcement de ces mesures protectionnistes et de ne pas les compromettre par la :
– réduction des zones de mouillage des chalutiers lorsqu’ils se trouvaient dans le golfe de Gabès pendant la campagne de pêche à la crevette;
– l’élaboration d’un plan national visant à réduire le nombre des chalutiers dans les ports du golfe de Gabès et à transférer les fonds de la caisse du repos biologique, dans lesquels tous les pêcheurs marins y contribuent, à une caisse pour la réduction de l’effort de pêche en accordant des subventions aux chalutiers qui changent de port d’attache et quittent le golfe de Gabès vers la région nord de la Tunisie. Toutefois, la pêche dans le golfe de Gabès n’est autorisée que pendant une période de la saison de pêche et pour un certain nombre de chalutiers bien étudié;
– la permission aux navires de pêche artisanales à utiliser les moyens de communication modernes pour signaler les navires qui passent dans la zone de protection située à l’ouest de la ligne reliant Ras Bourmada dans la région d’Al-Shafar et Ras Al-Raml dans la région de Djerba. Et créer une cellule d’écoute pour leurs communications et prendre les mesures nécessaires pour s’attaquer aux contrevenants.
Nous espérons donc que cette déclaration ouvrira la porte au dialogue et que le gouvernement actuel entendra notre demande et organisera des réunions afin de clarifier notre point de vue et de mettre un terme à l’exclusion sociale des groupes vulnérables victimes de discriminations.»
Source : communiqué.
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