Le comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, tués par des extrémistes religieux en 2013, accuse le procureur général de la république, Bechir Akremi, de freiner l’enquête ouverte sur l’organisation secrète liée au parti islamiste Ennahdha.
Lors d’une conférence de presse organisée aujourd’hui, jeudi 10 janvier 2019, à Tunis, Me Ridha Raddaoui, membre du comité de défense, a assuré que la justice en Tunisie est l’otage d’Ennahdha. Il a rappelé que le magistrat Bechir Akremi a été nommé par les islamistes procureur général de la république après que ce dernier fut accusé de manquements lorsqu’il était en charge des affaires d’assassinats de Belaïd et Brahmi.
L’avocat indique que le procureur de la république de la chambre 12, qui a saisi des documents archivés dans une pièce au ministère de l’Intérieur, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ce qui est appelé «Chambre noire» par le comité de défense et qui contiendrait des documents saisis en 2013 chez Mustapha Khedher, permettant de prouver l’existence de l’organisation secrète liée à Ennahdha et son implication dans les assassinats politiques.
Le comité de défense a été entendu, le 5 décembre 2018, par la brigade antiterroriste de la garde nationale de Laouina, sur l’affaire de l’organisation secrète, qui aurait été dirigée par Mustapha Khedher, l’ancien militaire proche des dirigeants d’Ennahdha.
Me Raddaoui explique que cette même brigade avait déjà procédé la veille à des démarches judiciaires, notamment l’analyse des communications téléphoniques et des mouvements bancaires de Khedher.
Cependant, le 19 décembre, la brigade de Laouina a refusé de poursuivre les auditions, expliquant que le ministère public lui a ordonné de suspendre l’enquête et de ne plus recevoir les plaignants.
«Bechir Akremi reçoit des ordres de Montplaisir (siège d’Ennahdha, Ndlr). Par son comportement, il se fait complice des terroristes et ce n’est pas par hasard que le parti islamiste l’a promu procureur général de la république en juillet 2016», a déploré l’avocat.
Cette décision prise par l’Instance provisoire de la justice judiciaire avait été dénoncée par le comité de défense des 2 martyrs, qui porta plainte, quelques mois auparavant, contre M. Akermi pour manquement dans l’instruction des dossiers relatifs aux 2 assassinats politiques, dont il avait la charge.
Y. N.
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