Les coauteurs ont écrit la tribune ci-dessous en réaction à un post Facebook maladroit de Faten Kallel, ex-secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse, commentant l’accident de Sabbala (Sidi Bouzid) ayant causé la mort de 12 morts, en majorité des ouvrières agricoles.
Par Hedi Djemai et Sondés Labidi *
A Mme Kallel, nous disons non…
Non à l’inhumanité
Il est inadmissible et intolérable qu’une femme politique n’ait pas le minimum de compassion nécessaire pour présenter ses condoléances; mais derrière cet «oubli» se cache en fait le mépris profond pour ces femmes rurales ainsi que pour leurs enfants dont les larmes n’ont pas séché.
Non au mépris
Votre communication déshumanisée n’a pas uniquement méprisé ces femmes exploitées et surexploitées par un système archaïque indigne d’un Etat qui se respecte, mais elle a défié les cœurs brisés et meurtris de tous les tunisiens par ce drame.
En toute confiance, vous vous êtes autorisée à enseigner aux Tunisiens endeuillés les bases élémentaires des pertes et des profits et qu’il ne servait à rien de s’affoler pour des femmes dont le travail rendait service à l’économie rudimentaire de l’agriculture.
Non à l’impuissance politique
Le monde agricole, les petits exploitants n’ont pas les moyens d’assurer un transport convenable et sécurisé, il est donc du devoir de l’Etat et de l’honneur des politiques d’agir et de trouver les solutions adéquates qui permettent aux citoyens de travailler en toute sécurité et avec dignité.
Comment pourriez-vous justifier le statut précaire de ces héroïnes martyres qui travaillaient sans contrats de travail, sans assurance et à la merci de tous les excès et de tous dangers ?
Non, il existe des solutions
Lors de votre communication, vous avez analysé les causes du drame et vous êtes enfin arrivée à constater que le gouvernement n’a pas de solution à proposer.
Nous sommes épatés par cet effort intellectuel dont vous avez généreusement gratifié les Tunisiens, mais nous osons penser le contraire, nous osons imaginer quelques solutions et en voici quelque unes…
L’Etat peut réquisitionner les transports publics, utiliser les louages à titre d’exemple pour assurer le transport de ces femmes contre une prise en charge de l’Etat des coûts du transport.
Nous pensons également que la suppression des salaires de 10 secrétaires d’Etat pourrait offrir les prémices d’une solution pour toutes les femmes en situation précaire et pour toutes les mains d’œuvre déshumanisées dans toute la Tunisie.
Oui le transport de ces femmes est impérieux pour l’économie agricole, mais la vie d’une femme n’a pas de prix !
Votre raisonnement nous pousserait donc au nom de l’économie à autoriser le travail des enfants, à transformer la Tunisie comme certains pays de l’Asie en une immense poubelle des déchets dangereux (il y a un marché) paraît-il selon vous ! et puis pourquoi ne pas rétablir l’esclavage et la traite humaine ?!!… mais en sommes-nous si loin, au moins les esclaves mangeaient à leur faim et avaient un prix…
Si le gouvernement se sent incapable de changer la vie des plus pauvres que fait-il au pouvoir? Qui sert-il? Et à quoi sert-il?
La politique c’est une volonté, la capacité de rendre possible l’impossible et de transformer le monde.
Comment les enfants de Bourguiba peuvent-ils parler d’impossible dans le transport de personnes alors que notre pays se bat depuis des siècles contre l’impossible?
A vous écouter madame Kallel, nous aurions dû renoncer à notre indépendance, sans armes, sans argent, et sans laisser verser du sang face à la troisième armée du monde…
Honte à vous qui ne savez ni défendre notre héritage, ni gérer le présent, ni tracer un avenir…
Pour une Tunisie des plus faibles, pour une Tunisie de l’espoir… Pour la nouvelle Tunisie et pour la IIIe République.
* Respectivement coordinateur du PDL France et Europe et secrétaire générale PDL Nantes.
Un Tunisien vivant en Belgique veut mettre en place un projet de transport agricole
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