Depuis l’ouverture des 17e Journées théâtrales de Carthage (JTC), des pièces de théâtre sont jouées dans les écoles et les lycées. Une première à applaudir.
Par Zohra Abid
En attendant la mise en oeuvre d’un programme d’animation culturelle, artistique et sportive dans les écoles – qui est en cours d’élaboration par des experts –, le ministère de l’Education a profité des JTC (9 -24 octobre 2015) pour permettre à des acteurs et des conteurs de présenter des spectacles dans les écoles primaires, les collèges et les lycées, dans diverses régions du pays.
En vertu d’un accord en ce sens signé le 22 septembre dernier entre l’administration des JTC et le ministère de l’Education, pas moins de 230 spectacles sont programmés, au cours de cette période, dans les établissements scolaires publics.
Le conteur suscite l’émerveillement des écoliers.
Cours le matin et divertissement l’après-midi
Depuis plus d’une semaine, des dizaines d’artistes ont fait le déplacement dans divers établissements scolaires, parfois aux fins fonds du pays, divertir les élèves et partager avec eux des moments d’émotion, de réflexion et de jouissance artistique.
Les parents et enseignants, qui ont assisté, eux aussi, aux représentations, ont beaucoup apprécié cette initiative et émis l’espoir de la voir transformée en tradition, afin de mieux encadrer les élèves, d’ouvrir leurs horizons intellectuelles et les éloigner des influences néfastes.
C’est là, d’ailleurs, l’un des objectifs de la réforme du système éducatif que le ministère de l’Education s’apprête à mettre en oeuvre. Il s’agit de meubler les heures creuses des élèves avec notamment du sport, des arts plastiques, du théâtre et du cinéma.
C’est l’un des axes de réforme préconisé par le ministre Neji Jalloul et son staff de conseillers, pédagogues, sociologues, etc., qui veulent réserver la matinée pour les cours et l’après-midi pour le divertissement. Car, pour être mieux concentré pendant les cours, l’élève a besoin aussi de se divertir.
La participation des écoliers au spectacle est sollicitée.
«Fini le bourrage de crâne et place à une école intelligente. Notre système éducatif n’était pas bon. Il faut passer à autre chose pour former la personnalité de l’enfant et le mettre sur les rails dès son jeune âge. Et à cet égard, rien ne vaut les activités artistiques parallèlement aux cours. Nous avons besoin de nouvelles méthodes pour que le petit s’accroche à son école et ne sèche plus ses cours», explique un conseiller pédagogique à la retraite, qui regrette l’échec du système éducatif national que traduit le décrochage précoce de dizaines de milliers d’élèves.
Selon les dernières statistiques, 100.000 élèves du secondaire et du primaire arrêtent, chaque année, les études et 10.000 d’entre eux le font entre la 5e et 6e année primaire. Où vont-ils ? Ils sont souvent, hélas, adoptés par la rue et c’est là où réside le grand danger.
L’art comme vecteur d’enrichissement
«En plus de la dimension récréative et divertissante qu’ils représentent, le théâtre, le cinéma et les autres activités culturelles sont très bénéfiques pour les élèves», explique un professeur de théâtre. Il ajoute : «Le théâtre offre plusieurs avantages. Il excite l’imagination, enrichit l’imaginaire et incite à la créativité. Il crée chez l’enfant ce sens de l’émerveillement, qui renforce ses capacités intellectuelles et lui permet de réussir dans les autres matières scolaires. En poussant l’enfant à utiliser sa mémoire, à la faire travailler et à la rendre plus performante, le théâtre est un important vecteur d’apprentissage».
Le rêve de tout homme de théâtre: avoir un public aussi attentif et réceptif.
Le professeur de théâtre souligne un autre avantage lié à la pratique du théâtre dans les écoles, les collèges et les lycées. «Le théâtre enseigne aux élèves des valeurs importantes, telles que l’engagement et le dévouement. Il leur apprend comment devenir des adultes et comment faire face aux aléas de la vie. Il leur apprend aussi à avoir confiance en soi, à admettre la différence et à accepter l’autre», explique-t-il encore. Ce qui, selon lui, renforce leur résistance à l’obscurantisme et à l’extrémisme. Bref, le théâtre contre le terrorisme !
Après la réussite de cette première expérience avec les JTC, le ministère de l’Education espère faire de même avec les Journées cinématographiques de Carthage (JTC) qui auront lieu du 21 au 28 novembre 2015. Et avec les autres manifestations culturelles programmées tout au long de l’année.
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